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Diana Abgar…

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Diana. Diana Abgar Դիանա Աբգար (1859-1937).
Une femme incomparable, qui va marquer l’histoire de la diplomatie.
Née en 1859 à Rangoon au Myanmar actuel qui était alors l’une des provinces indiennes de l’Empire britannique, elle est issue de deux parents de la communauté arménienne de Perse.
Diana grandit à Calcutta, où ses talents pour les langues vont s’avérer décisifs : persan, anglais, hindi, arménien, en attente des suivantes… japonais, chinois.
Calcutta où elle rencontre son mari, Mykayel, arménien lui aussi, jusqu’à ce qu’ils s’installent au Japon, en plein essor, successif à l’ouverture de l’ère Meiji.

Leurs affaires, un temps florissantes, vont hélas se détériorer. Ils font faillite, puis Mykayel décède.
Nous sommes alors en 1906, et c’est une femme de force et de conviction qui décide de faire face, avec ses trois enfants, les dettes, la vie d’expatriée.
Loin de restreindre son regard à sa propre situation, c’est celle de sa communauté, des Arméniens en général, dont elle se sent plus que tout solidaire.
C’est ainsi qu’elle va inlassablement dénoncer les crimes commis contre cette communauté. Elle écrit, publie, avertit sur les massacres de 1895 et 1896 puis sur celui d’Adana en 1909…
Hélas, l’avenir lui donnera raison puisqu’au cœur de la Première Guerre Mondiale, le premier génocide du 20e siècle reconnu par l’ONU, déferlera, emportant jusqu’à un million et demi de personnes dans son torrent de mort, jetant les survivants sur les routes de l’Exode.
Diana, toujours bien présente au Japon, va mettre tout son argent, ses talents, ses réseaux à la disposition de ces êtres qui, au lieu de partir vers l’ouest, vont traverser l’Asie, la Sibérie, jusqu’à se retrouver sur les chemins du Pacifique.
Elle les aidera, s’occupera des visas, financera leur séjour, leur hébergement, l’école des enfants, mais aussi leur traversée pour rejoindre des membres de leur famille parvenus ou installés aux Etats-Unis…
Diana décèdera en 1937 sur le sol japonais et trouvera sa dernière demeure au cimetière des étrangers de Yokohama.

Morale de l’histoire : A quand une humanité capable d’entendre ses récits souvent contradictoires, de regarder ses contentieux avec lucidité et apaisement… et de privilégier la Vie de ses enfants, tous ses enfants, quel que soit leur héritage ?

Durant la courte période de la République d’Arménie, de 1918 à 1920, Diana Abgar en deviendra la représentante consulaire, faisant d’elle l’une des premières femmes diplomates de l’histoire.
Drôle de monde !

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