7 variables / 52 repères

repère(s) :

Dans notre quête des repères [1]…

Repères. Un terme qui renvoie à une activité que nous réalisons de manière souvent inconsciente. Une activité qui fixe dans notre mémoire des lieux, des noms, mais aussi des sons, des saveurs, des odeurs, ou encore des dates, des visages… En s’assemblant, en se renouvelant, en s’actualisant, ces repères composent un répertoire plus ou moins vaste, plus ou moins structuré qui va intervenir dans nos pensées, nos actes, nos jugements, nos prises de paroles et de décision. Irréductible à tout autre, chaque répertoire renvoie à une vie singulière, la nôtre, à sa manière de se dérouler, se concevoir, se projeter. Que se passerait-il alors si nous prenions le temps de questionner ces repères, de visiter leur composition, de la partager avec autrui ? Telle est l’idée qui a suscité la création des « pantopiques » et l’invitation à les produire afin tout à la fois de contribuer à la connaissance de soi, de favoriser la compréhension d’autrui et d’œuvrer à un dialogue apaisé & constructif. Ainsi qu’y introduit le schéma ci-dessus, les pantopiques s’articulent autour de 7 variables et 52 repères.

Comment considérons-nous le temps [2] ? Quel est notre rapport à la vie [3] ? et à la mort [4] ? Que pensons-nous de l’âge [5] ? Qu’en est-il de notre considération de la santé [6] ? de l’alimentation [7] ? des sens [8] ? ou encore de la sexualité [9] ? Quels sont nos repères historiques [10] ? Quelle place y prennent les ruptures et crises [11] ?

Le temps. Un repère déterminant et la première de 7 variables, constitutives du pantopique. Une mesure constante où se succèdent et s’entremêlent les heures, les mois, les années dans une représentation profondément culturelle où se distribuent les notions de passé, de présent, de futur. Une variation de calendriers. Une relation à la durée ou encore au changement. Autant de repères acquis pour la vie et qui ne vont pas manquer d’en déterminer le trajet…

La vie. Le repère indispensable, préalable à tous les autres. Une notion profondément interculturelle, porteuse de sens, de cadre, de cap… Une trajectoire qui débute avec la grossesse et dont toute naissance manifeste la singularité. Un rappel tout à la fois à sa fragilité et à sa force. La vie, un mystère pour les uns, un sujet d’exploration scientifique pour d’autres. Une invitation à tous les possibles dont, finalement, l’un se réalisera… 

La mort. Un autre mystère de la vie. Un terme terrestre, un passage, craint, attendu. La mort qui survient à tout âge et pour les raisons les plus diverses, suscitant la peine, la souffrance, le souvenir, parfois la colère. Des sociétés humaines qui déploient toute leur diversité de cérémonies & de rites pour l’accueillir, l’honorer, la conjurer. Un repère que l’on néglige, que l’on écarte, ou tout au contraire qui s’impose dans toute sa souveraine échéance…  

L’âge. Une mesure de l’existence à laquelle on accorde plus ou moins d’importance. Un barème qui peut dans certaines sociétés, faire l’objet de strictes différenciations, marquées notamment par des rites de passage ou encore d’initiation. Un repère au regard du droit, des activités menées ou encore de nombreuses relations sociales. De la jeunesse à la vieillesse, en passant par différents stades de l’âge adulte, un parcours obligé pour beaucoup, un objet de transgression pour d’autres… 

La santé. Un enjeu premier à toute existence qui décide bien souvent de la conduite qu’on va lui donner. La santé approchée de manière si diverse par les sociétés humaines, porteuses de savoirs, de croyances, de métiers, mais aussi par chacun de nous, plus ou moins soucieux de sa préservation… Un repère où se manifeste depuis notre plus jeune âge, notre relation au corps, aux sens, à l’alimentation, mais aussi à l’espace, à l’environnement, ou encore aux moyens économiques…

Manger. Une nécessité afin d’assurer toute survie. Une nécessité qui ne va pas de soi, tant de nombreux facteurs peuvent en contrarier l’accomplissement : sélectionner des aliments comestibles, pouvoir se les procurer selon les contextes de chasse & cueillette, d’agriculture, de commerce, d’industrie, en assurer le renouvellement continu… Un repère vital en somme, avant de devenir un enjeu civilisationnel, porteur de valeurs, de religiosité, d’esthétique, de santé, de convivialité, d’art… Manger, au carrefour de résolutions individuelles, collectives & planétaire…

Les sens. Un parfum qui nous attire, une saveur qui nous répulse, une couleur dont on perçoit le chatoiement… Des repères omniprésents. Les sens, une manière constante d’appréhender le monde qui nous entoure en y privilégiant, différemment d’une personne à l’autre, la faculté de voir, d’entendre, de toucher… Et parfois, en étant privé de l’une d’elles, avec toutes les adaptations que ce handicap entraîne. Les sens, ou le pouvoir d’une interconnexion au monde, pourvoyeuse de découverte, de bien-être, de compréhension mutuelle, ou pas…

La sexualité. Une question fondamentale qui sous la forme de la reproduction perpétue la vie, en assure le renouvellement continu. Une question qui dessine également les contours du plaisir, de sa recherche, de son obtention, et des équilibres qui en résultent. Mais qui peut également susciter des frustrations, amenant à diverses formes de mal-être, de violence… La sexualité, un repère si naturel, si culturel, chargé de bien des interprétations… 

L’histoire. Un ensemble de repères acquis dès le plus jeune âge dans la force d’un récit fondateur riche de ses attachements et détachements, y désignant ses héros, ses gloires, ses luttes, ses inimitiés, et les contentieux qui ont pu s’y glisser. L’histoire, que l’on accepte ou que l’on questionne, avec toutes les conséquences des équilibres qu’on peut y trouver, ou y perdre, en attente parfois de les actualiser…

Les crises. Un temps qui nous parle de rupture, de basculement. Un moment souvent intense où les repères précédemment acquis semblent se fragiliser, appelant l’individu ou la collectivité qui le vivent à en questionner les raisons, en anticiper ou en subir les conséquences. Les crises, comme une histoire répétitive de la vie qui passe d’un âge à l’autre, dans l’enchaînement des turbulences, des catastrophes, mais aussi des renouveaux, des changements vertueux, des décisions chargées de sens…

Comment nous situons-nous dans l’univers [12] ? Quel est notre rapport à l’environnement [13] ? Comment y considérons-nous plantes & animaux [14] ? Quelle place y prend la matière [15] ? Quelle idée nous faisons-nous du déplacement [16] ? et de l’habitat [17] ? 

L’univers. Une invitation à convoquer une deuxième de nos 7 variables, l’espace. L’univers, riche en repères de toutes sortes. L’univers que l’on observe depuis la Terre, dans l’infini des astres, des étoiles, des constellations qui en témoignent… L’univers, raconté au cœur des mythes & légendes, en particulier avec les récits de la Création. L’univers auquel on attache savoirs & croyances, et dont l’exploration intergalactique nourrit toutes sortes de probabilités et d’espérances…

L’environnement. L’espace dans lequel ou en proximité duquel nous nous mouvons, nous agissons, nous respirons, nous vivons. Un espace rythmé par un climat, des saisons. Une forêt, une montagne, une mer, un fleuve, un lac… Un espace dont nous parvenons si souvent hélas à négliger le caractère central, dès lors que nous nous trouvons éloignés de ses équilibres et même si nous en ressentons ou subissons les déséquilibres. Une série de repères dont la prise de conscience indissociable de la vie et de sa continuité, devrait être première, et que bien des cultures ont effectivement placés au faîte de leurs valeurs et de leur renouvellement…

Les espèces. Des millions d’espèces, dont nous nous représentons ou côtoyons le plus souvent une infime partie. Une interdépendance au sein de laquelle nous gagnerions à nous situer plus communément. Un réseau de vies entremêlées auquel l’être humain doit la sienne non seulement à travers exploitations et interrelations respectueuses ou non, mais dans les innombrables équilibres qui en dépendent…

La matière. Une relation quotidienne à la vie, où bien des repères se fixent sans que nous prenions toujours le temps d’en réaliser l’importance. Des matières que l’on touche, que l’on habite, que l’on porte sur soi. Des matières qui racontent une aventure de l’univers, et dont la provenance, l’emploi, mais aussi les évolutions futures, gagnent à être pensés dans le cadre des valeurs, des richesses, des transformations, des résolutions, résultant de nos attentes, lesquelles hélas sont parfois si cupides et déraisonnables… 

Aller. Aller depuis la prime enfance. Aller sur le lieu d’enseignement. Aller chez soi. Aller à son travail. Aller retrouver des amis ou l’âme sœur… Aller, si on le peut, physiquement, légalement, moralement… Aller avec une idée précise, ou en vagabondant. Aller en suivant une trajectoire préétablie, soucieux du temps consacré, ou en empruntant des chemins de traverse… Aller par tous moyens, de corps, de technique, de locomotion, d’esprit… Forger quantité de repères au gré de nos routines, de nos égarements, de nos voyages…

Habiter. Habiter un lieu, un temps. Habiter en famille, ou parmi des inconnus. Habiter dans un environnement bienveillant et protecteur. Habiter dans la fébrilité et le danger. Habiter des édifices qui ont fait l’objet d’architectures plus ou moins élaborées, ont mobilisé des savoirs, des matériaux… Ont suscité une charge émotionnelle… De tous ces espaces que nous avons habités, que nous habitons, combien de repères avons-nous conservés ? Constant enchaînement d’espaces, d’activités, de visages qui vont se fixer pour un temps plus ou moins long, et se ranimer à l’instar d’une évocation, d’une image, d’une pensée vagabonde… 

Comment considérons-nous notre place dans la société [18] ? Qu’en est-il de l’idée que nous nous y faisons de nous-même, des autres, de l’humanité [19] ? Quelle importance y accordons-nous à la famille [20] ? Comment notre culture [21] intervient-elle dans nos repères ? Qu’en est-il des jeux & des sports [22] ? 

La société. Troisième des 7 variables du pantopique. Qui nous raconte comment des groupes humains, à commencer par le nôtre, se sont constitués. Comment ils se sont sédimentés. La société, une architecture variablement complexe au sein de laquelle des groupes, des communautés, des peuples, des groupes ethniques, s’assemblent, interagissent, en privé ou en public. Un espace souvent hiérarchisé, encadré par des règles de fonctionnement. Des modes d’organisation se révélant au sein des activités les plus variées, qu’elles soient institutionnelles, marchandes, festives… 

L’être humain. Une espèce en bien des points singulière dont les origines sont disputées entre explications scientifiques ou religieuses. L’humanité, un parcours où se développent apprentissages, facultés & compétences. L’humanité, une assemblée qui n’agit pas toujours en conscience de la responsabilité qu’elle pourrait prendre dans la conduite de ses activités et de leur impact politique, social, environnemental… L’être humain, un des maillons de cette assemblée constamment renouvelée, propre à constituer l’un de ses innombrables repères…

La famille. Une histoire faite de toute la diversité de ses manières de se constituer, évoluer, se dissoudre parfois… Une histoire d’unions, d’extension, de fratries unies par une communauté de provenance, d’activités, ou de destin… La famille voire quelquefois les familles au sein desquelles nous prenons naissance et cheminons avec plus ou moins de satisfaction, d’insatisfaction, d’épanouissement, de justice, d’injustice… Un des grands pourvoyeurs de nos repères personnels…

La culture. Une diversité d’héritages, de fonctionnement, de coutumes, de valeurs, de codes, attestant de la fascinante histoire de l’espèce humaine. Un contexte spécifique à chacun de nos parcours, dispensant une palette de repères où se mêlent nos attachements éducatifs, spirituels, sociaux, alimentaires, vestimentaires, sanitaires… sources de rapprochement, ou de distanciation. Un enjeu également d’interculturalité, à la rencontre et à la découverte de nos différences, et similitudes…

Le jeu. Une activité qui nous accompagne dès l’enfance. Dispensatrice de règles, de relations interpersonnelles, une façon de se représenter le monde, et en cela une source de repères majeurs où se glissent tant d’apprentissages. Le jeu qui se poursuit tout au long de la vie, relevant de situations spécifiquement dédiées comme à travers le sport, dans son immense registre de formes et de réalités sociales, politiques, marchandes… Le jeu se manifestant pareillement dans la panoplie de tant d’activités humaines où il occupe une part déterminante…

Que savons-nous [23] ? Qu’ignorons-nous ? Quelles sont les bases de notre éducation [24] ? À quoi pensons-nous [25] ? Quelle place y occupent les sciences [26] ? les arts [27] ? les religions [28] ? Comment y considérons les signes & symboles, et la relation au sens [29] ? Quelle place occupent les nombres [30] ? Quelles questions [31] nous posons-nous ? Quelle est notre relation à la vérité [32] ?

Savoir. Quatrième variable du pantopique. Un questionnement sur le répertoire lui-même et la place qu’y occupe chacune des connaissances acquises ou que nous aimerions acquérir, a fortiori toutes les interrelations qu’elles tissent entre elles. Un rapport à l’ignorance, à la manière ou à l’intention de la réduire. Un défi de toute une vie, dont l’aboutissement laisse songeur…

L’éducation. L’activité par excellence. La source, le fondement d’innombrables repères. Qui nous aide à construire, nous construire. Qui nous accompagne toute la vie, nous éveillant à toute complexité, nous aidant ou non à l’assumer. L’éducation, renvoyant aux conditions, aux moyens, aux lieux, aux temps, aux personnes susceptibles d’en partager le projet, notre projet…

Penser. Penser dans le but de poser un problème, ou de le résoudre. Penser à ce que l’on a fait, ou pas. Penser de manière occasionnelle ou récurrente. Penser en boucle, sans pouvoir s’en détacher. Penser de manière innovante, en imaginant des voies différentes, une réponse aux défis que l’on se pose. Penser, en puisant dans le chaudron de la mémoire…

Les sciences. Une succession d’inventions, de progrès. Une marche de l’espèce, nourrie de tant de courants, de contributions. Les sciences qui offrent une légion de repères pour tenter de dire le monde à travers des lois, des enchaînements de raison. Les sciences que certains aiment opposer aux croyances, là où d’autres voient de féconds dialogues…

Les arts. Dans toute la diversité de leur succession, de leurs transmissions, des figures illustres, mais aussi quantité d’œuvres anonymes dont la trace demeure. Les arts qui racontent un des plus riches récits de la condition humaine, souvent confrontée à ses contradictions, ses abimes, son agonie… Les arts, dont les repères entretiennent un dialogue universel dont nous captons parfois l’écho…

Croire. Croire en un dieu. Croire en un panthéon de divinités. Croire à travers un dogme. Croire dans un temple ou dans le désert. Croire au terme d’une vie de dévotion. Croire dans la fulgurance d’une révélation. Ne pas croire. Une série de repères qui peuvent nous offrir la plus entière des libertés et des ouvertures à l’autre, à l’autre dévotion, à l’autre révélation, à l’autre croyance… Mais qui peuvent aussi nous enfermer dans une vérité exclusive et sectaire, source de rejets et de conflits…

La signification. Donner du sens. Donner du sens aux mots. Donner du sens aux événements, aux choses. Découvrir, nourrir, jouer avec une constellation de signes & symboles, comme autant de repères. Définir, indéfinir, le monde qui nous entoure. En approcher la signification ou le supposer tout du moins, tout en tentant de le transmettre à autrui… 

Les nombres. Une présence constante faite de repères souvent discrets et pourtant des plus conséquents. Des systèmes que l’on apprend à utiliser au gré de certaines compétences, renvoyant aux conditions dans lesquelles ceux-ci se sont constitués. Une symbolique omniprésente, un enjeu à la découverte du monde…

La question. La question que l’on se pose, que l’on pose, et à laquelle on n’obtient pas toujours de réponse, ou tout du moins la réponse que l’on attendait – peut-être. La question que l’on ne pose pas, que l’on n’a jamais osé poser. Une activité qui, surgissant des premiers temps de la vie, nous quitte en son terme, alors que nous lui avons accordé plus ou moins d’importance. Que ce soit dans sa formulation ou sa reformulation, la question qui nous guide sur les chemins de la découverte… 

La vérité. Une quête pour les uns. Un cadre pour d’autres. La vérité émise par une puissance supérieure, une autorité morale, religieuse, politique. La vérité qui nous illumine. La vérité que l’on remet plus ou moins en cause, lorsqu’il nous est accordé de le faire. La vérité comme un phare, un repère fixe qui nous guide sur les chemins de la vie… La vérité dont certains font observer en bien des circonstances, la possible pluralité, encourageant à une relativité de nos jugements…

Que faisons-nous [37] ? Qu’avons-nous fait ? En quoi ces activités ont-elles marqué notre existence ? Selon quelles finalités ? Quelle importance y tient le métier [38] ? Quelle place y ont prise le commerce [39] et l’argent [40] ? Comment y avons-nous considéré l’aide et le partage [41] ? Quelle est notre relation aux objets [42] ? 

Faire. Une sixième variable du pantopique. Renvoyant à une galaxie de possibles. Une infinité d’activités dont l’entrelacs compose toute existence. Des finalités qui se succèdent. Des moyens pour y conduire. Des projets que l’on porte, certains que l’on abandonne ou auxquels on renonce. Des productions qui en résultent, pas forcément celles que l’on attendait. Et finalement une série de repères qui s’y établissent, et nous accompagnent tout au long de la vie…

Les métiers. Un choix plus ou moins libre. L’histoire d’un parcours de vie qui s’y est dirigé par vocation, ou sous le poids de certaines influences ou contraintes. Les métiers que l’on enchaîne au fil d’une trajectoire variablement épanouie. Les métiers qui nous familiarisent avec des gestes, des personnes, des manières de penser, un vocabulaire… Des repères que l’on acquiert en les anticipant ou en les pratiquant, et que l’on transmet parfois… 

Le commerce. Une longue histoire d’échanges, de contributions, d’engagement. La recherche d’une forme d’équilibre, respectueuse de l’autre, visant à l’équité de cet échange. Ou, au contraire, sa négation, portée par des formes diverses de duperie ou de cupidité. Histoire de tous les marchés, des transactions qu’ils autorisent. Histoire des institutions, des entreprises qui en animent les innombrables rouages. Acheter, vendre, produire, consommer, un tourbillon de repères dans lequel nous nous faisons ou nous laissons entraîner avec plus ou moins de satisfaction…

L’argent. Un moyen de l’échange. Une invention dans l’espace & le temps, source de régulation, de fluidification. Une manière de mesurer, comparer la valeur des choses et des activités. L’argent dont le contrôle a hélas souvent échappé aux êtres humains, ou plutôt dont le contrôle favorisant la volonté de domination à tout prix et l’asservissement d’autrui, n’a pas manqué de jouer un rôle des plus toxiques dans l’aventure de l’humanité… 

Partager. Partager son temps, son savoir, ses moyens physiques ou financiers. Partager afin d’aider, soutenir. Un renvoi aux formes variées de possession & d’appartenance. Partager pour être plus humain, ou aspirer à l’être. Partager dans toute l’histoire du don, puissant repère de notre solidarité humaine, comme de la capacité à lui tourner le dos…

Les objets. Un ensemble d’éléments qui nous accompagnent et nous environnent. Dans le fond de la poche ou d’un sac, sur une étagère, dans un placard. Posé contre le mur, relégué dans un grenier ou une cave. Prêt à certains usages, ou pas. Rappelant des emplois qui ne sont plus, ou ne sont pas, pas encore. Certains auxquels nous sommes attachés, d’autres dont nous avons oublié la présence. Se comptant de manière parcimonieuse ou au contraire déferlant en toute abondance. Les objets, ces repères du quotidien, d’un quotidien singulier, incomparable à tout autre…

Quelle est notre relation au pouvoir, à l’autorité, à la hiérarchie, à la chose politique [33] ? Comment considérons-nous la violence et la non-violence, la sécurité et l’insécurité [34] ? Quel sens avons-nous de la justice [35] ? Comment y vivons-nous la paix & la guerre [36] ?

Le pouvoir. Une cinquième variable du pantopique. Qui décide du sort de bien des autres. Le pouvoir qui s’établit et se maintient plus ou moins durablement dans les formes diverses, individuelles ou collectives, que l’histoire l’a vu revêtir. Pouvoir enclin à la libre expression des idées et des projets. Pouvoir en interdisant jusqu’à l’éclosion, intimidant, réprimant, oppressant… Pouvoir renvoyant à la mosaïque des entités nationales, régionales, locales, mais aussi internationales. Pouvoir que l’on acquiert, pouvoir que l’on exerce, selon des aptitudes qui ne sont pas toujours les mêmes. Une grille de repères appelant les êtres humains à s’y conformer, ou à les combattre…

La violence. Qui s’exprime de manière ouverte ou diffuse. Violence des idées. Violence des mots. Violence des gestes, et parfois du silence. Une histoire de la force qui s’impose à qui ne peut ou ne souhaite s’y opposer. Mais aussi une histoire de la non-violence et de sa capacité à générer une autre lecture du monde qu’on aurait tort de croire plus faible… Un choix de repères en somme et une façon plus ou moins consciente de les défendre… 

La justice. Un cap dans l’existence de chacun, un cap dans les sociétés, relevant d’une idée de la valeur, des devoirs, des engagements pris ou à prendre. Mais aussi une définition qui passe par des grilles culturelles, religieuses, politiques, économiques… Un questionnement sur la dignité de chacun, de chacune. Une façon parmi d’autres de la traduire dans des systèmes de droit et de codes. Un ensemble de repères susceptibles de guider notre chemin de vie quitte parfois à en changer…

La paix. Une notion si complète, si pleine qu’on pourrait y ramener bien d’autres repères pantopiques. Et pourtant faute souvent d’y œuvrer avec la constance, l’engagement & la lucidité qu’elle requiert, le lieu de tant de négations, d’oppositions, de renoncements. La paix rendue inaudible par le bruit des armes. La paix piétinée par tous les motifs de conflits et de guerres, nourris de contentieux et de soifs qui paraissent inextinguibles…

Comment considérons-nous la communication [43] ? Quelles langues [44] pratiquons-nous ? Quelles écritures [45] ? Lesquelles aimerions-nous connaître ? Comment nommons-nous les êtres & les choses [46] ? Quelle est notre relation aux médias [47] ? Quelle importance prennent les mythes & contes [48] ? Qu’en est-il du numérique & de l’I.A. [49] ? Comment considérons-nous les apparences [50] ? Quels sentiments privilégions-nous [51] ? Comment appréhendons-nous le bonheur & la réussite [52] ?

La communication. La septième des variables du pantopique. Une activité centrale à nos conduites, nos apprentissages, nos interactions, la vie tout simplement. Communiquer dans l’intention de séduire, de convaincre, d’expliquer, de tromper aussi. Communiquer, une succession de repères mobilisés au travers desquels nous amenons l’autre à partager ou à rejeter ce qui nous anime… 

Les langues. Une incroyable diversité qui renvoie à l’épopée humaine. Un archipel des possibles, jouant de sons, de formes, de sens… Emerveillant quiconque l’approche par sa capacité à dire le monde et la vie. Une acquisition singulière, parfois oublieuse ou méconnaissante de l’immensité dans laquelle elle s’inscrit. Et pourtant une invitation constante à y étendre nos repères…

L’écriture. Une histoire inouïe fait d’inventivité, de progrès, d’audace… Une histoire au carrefour de bien des repères, religieux, comptables, marchands, politiques, artistiques, éducatifs. Un levier de savoir qui n’ôte rien au sublime pouvoir de l’oralité, mais le prolonge dans le temps et l’espace. Les écritures, une fascinante cartographie qui nous raconte l’univers au moyen de systèmes variés, de créateurs successifs, de techniques et d’emplois sans cesse renouvelés…

Le nom. Un repère par excellence. Qu’il soit de personne ou de lieu, qu’il pointe un événement ou une institution, le nom en précède souvent la connaissance et la sollicite en cela. Dénommer : un pouvoir qui ne manque pas de résonner dans toute l’histoire de l’espèce, des individus, des familles et qui, dans certains cas, suscite controverses et disputes. Le nom, une porte sur la découverte de l’autre…

Les médias. Une longue histoire faite de volontés, d’enthousiasme, de contrariétés. Une manière de s’opposer ou se conformer aux différents types de pouvoir, jusqu’à devenir l’un de ces pouvoirs, et pas le moindre. Informer à travers les médias, une mission ininterrompue faite d’engagement, de courage, de vérité, mais aussi de leur déni plus ou moins complet alors que les techniques s’en mêlent… Les médias, une boîte à repères pleine de possibilités contradictoires…

Les récits. Les récits qui s’enchaînent depuis les débuts de la parole. Les récits qui nous content des univers qui furent, seront, ne sont plus, pourraient être. Peuplés de mystères, de créatures, de valeurs, de croyances. Les récits qui, en accompagnement de l’histoire, distribuent quantité de repères qui nous suivront tout au long de la vie… 

Le numérique. Une évolution décisive de notre manière de communiquer et des moyens d’y parvenir. Le plongeon dans une totalité qui autorise une infinité de nouvelles interactions. Une totalité suscitant de nouveaux enthousiasmes, une créativité renouvelée, mais aussi des défis de dignité, d’altérité, de vérité. Avènement de l’intelligence artificielle, déployant un changement catégoriel dans nombre des dimensions du pantopique. En résultent un redéploiement et parfois une confusion de nos repères…

Les apparences. Un aspect, une forme, un ornement. Le grand ballet des apparences. Qui masquent. Qui mettent en relief. Des textiles qui recouvrent et découvrent. Un maquillage qui révèle. Des décorations qui suggèrent, comme autant de repères se croisant dans toute la variété des systèmes qui leur ont donné jour et dont nous nous faisons ou non le relais…

Les sentiments. Une palette des plus étendues dont nous découvrons la richesse sur le chemin de vie, tandis que certaines couleurs font écho à notre propre sensibilité. Des expressions, des émotions dont nous privilégions la manifestation et qui composent autant de repères attachés à notre identité ou à l’idée qu’autrui s’en fait. Un jeu infini au cœur des interactions sociales…

Le bonheur. Une quête. Un cap. Une relation à la vie. Une manière d’interagir avec autrui. Un repère fixe pour certains, et éminemment fluctuant pour d’autres. Une indéfinition qui pourrait à elle seule raconter toute l’épopée humaine, comme une constellation de repères attestant de l’extrême variabilité de notre navigation en ce monde…