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D’une utopie à l’autre

repère(s) :penser

Utopie ! Qui n’a pas ainsi qualifié une proposition jugée idéaliste, manquant de réalisme !
« Illusion », « mirage », « rêve », ou encore « chimère »…
[chimère n.f. : Idée ou projet sans rapport avec la réalité, sans consistance.]
Le terme vient de l’anglais « utopia », paru sous la plume du Chancelier d’Angleterre, Thomas More (1478 – 1535), lequel finit exécuté pour avoir déplu au roi Henri VIII dont il ne cautionnait pas le divorce.
More publia son Utopia à Louvain en 1516 décrivant une île imaginaire en forme de croissant, située à environ quinze milles des côtes d’Amérique latine.
Initiée par un roi-philosophe, un certain Utopus, la propriété privée y est abolie et il n’y a pas de monnaie, chacun se servant au marché à la hauteur de ses besoins. Pratique !
Cinquante-quatre villes s’y côtoient qui ont exactement la même langue, les mêmes coutumes, institutions et lois. Hum ?
Nous le disions, tout cela est une vue de l’esprit… D’ailleurs l’étymologie du terme utopie renvoie au « nulle part », à « aucun lieu ».
Une autre étymologie est certes avancée signifiant plutôt un « lieu heureux ».
De quoi nous rappeler à bien d’autres essais…
Platon et son Atlantide par exemple, une autre île située quant à elle au-delà des Colonnes d’Hercule, ancien nom du détroit de Gibraltar.
Ainsi encore de la Nouvelle Atlantide de Francis Bacon (1561-1626), lequel fut (également) chancelier d’Angleterre, et dont on dit que son œuvre servit de modèle à la création de la Royal Society. Mais aussi la Cité du Soleil du moine et philosophe Tommaso Campanella (1568-1639), qui voulait unir tous les peuples, et passa des décennies… en prison.
Et que dire de l’œuvre de Rabelais (1494-1553) se délectant de l’utopie, abordée sous un angle jovial, avec les frasques de Gargantua, et de l’abbaye de Thélème, lieu laïc consacré à l’expression libre des désirs selon la devise : « Fais ce que voudras ». Ou du Candide de Voltaire, dénonçant le meilleur des mondes de Leibniz.
Sans oublier les communautés qui émergèrent entre les XVIIIe et XIXe siècles : la Cité des utopies de Claude-Nicolas Ledoux dans la Saline d’Arc-et-Senans, l’Icarie d’Étienne Cabet ou encore le Phalanstère de Charles Fourier.

Morale de l’histoire : À l’heure où fleurissent tant de dystopies, visions du futur pour le moins sombres, peut-être un nouveau regard sur des utopies à taille humaine serait-il bénéfique ?

Quant à moi, il est un terme que j’affectionne, celui de pantopie. Pan-, pantos, « tout – tous », topos : « lieu » ! Une invitation à accueillir la légitimité de tous les lieux… et leur enrichissement mutuel.
Drôle de monde !

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1500-1600lg anglaisutopie