Les routes de l’ambre

« L’or du nord », « l’or rouge », les « larmes des dieux » ou encore « l’elektron ἤλεκτρον des Grecs » ! L’ambre fascine !
Cette résine fossile, incrustée de créatures figées dans leur éternité, est porteuse d’une magnifique histoire.
Quel merveilleux étonnement d’en trouver témoignage en Egypte dans la tombe même de Toutankhamon ! Ou encore dans le sanctuaire d’Apollon à Delphes !
La légende de Phaéton, fils d’Hélios, ne se conclut-elle pas avec ses sœurs, changées auparavant en peupliers, dont les larmes se solidifient sous forme d’ambre.
C’est également en Grèce que le mathématicien Thalès au VIe siècle avant notre ère, s’intéresse à ses propriétés électrostatiques.
Rome à son tour en fait usage du côté des gladiateurs, ou encore chez de nombreuses femmes y attribuant des vertus d’éternelle jeunesse…
Et que dire en Lituanie, de la déesse Juraté, hantant les plages en mémoire de son amour perdu et dont les larmes, ici encore, se transforment en ambre!

Si on parle plus fréquemment des routes de la soie, des épices ou de l’encens, a-t-on idée de ce que la Route de l’ambre ou plutôt les routes de l’ambre ont constitué durant des siècles ?
L’acheminant depuis la Mer Baltique jusqu’à la Méditerranée, qu’elles soient « germanique » ou « slave », ces routes faisaient appel à des conditions particulières de commerce, de transport, de sécurité.
S’appuyant ici sur les principaux ports de la Ligue de la Hanse. Ou encore protégées là par les Chevaliers teutoniques…Et bien entendu condamnant sévèrement les contrebandiers.
Et que dire de Venise ! Centre névralgique de tout ce commerce, dont les créations artistiques, en particulier verrières à Murano, n’eurent de cesse de lui rendre grâce.
D’autres horizons se sont mêlés à l’aventure de l’ambre, comme celui de la République Dominicaine, caractérisé par sa transparence et, sous l’effet de la lumière, son bleu si intense. Ou encore dans la région du Chiapas, au Mexique, ou au Myanmar… sans oublier celui retrouvé dans les sédiments des vallées glaciaires de l’Arctique.

Morale de l’histoire : Si vous vous promenez un jour sur les rivages enchanteurs de la Baltique, ouvrez bien les yeux, il se peut qu’une rencontre extraordinaire vous y attende…

Il existe en proximité de Saint-Pétersbourg, la Chambre d’ambre Янтарная комната, lieu des plus incroyables. Offerte par le roi de Prusse Frédéric-Guillaume Ier au tsar de Russie Pierre le Grand en 1716, volée par les Nazis, puis perdue et finalement reconstituée et inaugurée en 2003 en y mobilisant pas moins de… 6 tonnes d’ambre !

Drôle de monde !