Le temps des califes …

632 – Le prophète Mohammed (570 – 632) décède à La Mecque. Qui va alors lui succéder ?
Finalement Abou Bakr As-Siddiq (573 – 634) s’impose. Il est à 59 ans, l’un des plus anciens compagnons du prophète et le père d’Âïshah, son épouse préférée.
Il est le premier des 4 califes « bien guidés » (rashidoun), le terme calife désignant le « successeur ».
Abou Bakr meurt deux ans plus tard de maladie, et lui succède Omar ibn al-Khattâb (584-644), qui va diriger la Communauté des Musulmans, la Oumma أمّة pendant 10 ans.
Omar est assassiné en 644 et Othmân ibn Affân (574-656) prend sa suite.
Il est l’un des beaux-fils et un éminent compagnon du Prophète. Durant son califat, le Coran prendra sa forme canonique. Il est assassiné à Médine en 656 et une période de trouble s’ensuit.
Ali ibn Abi Talib (600-661), cousin et gendre du prophète, époux de Fatima, deviendra le quatrième des califes bien guidés.
Les Chiites le reconnaissent comme le successeur légitime du Prophète, car pour eux il doit être désigné dans sa famille même. Ali est assassiné en 661.
Dès lors, les deux grands courants de l’islam vont se faire face.
Le chiisme va s’affirmer en considérant Ali comme le 1er imam d’une lignée de cinq, sept… ou encore douze selon les courants.
Le chiisme représente aujourd’hui entre 10 à 15 % des Musulmans, majoritaire en Iran ou en Irak…
De leur côté, les Sunnites, qui s’appuient sur la sunna سنة, la « tradition », documentée dans les hadiths, sont majoritaires représentant entre 85 et 90% de l’islam.
Trois dynasties principales vont s’y succéder : les Omeyyades الأمويون s’installent dans la prestigieuse Damas prenant le pouvoir en 661; les Abbassides بنو العباس leur succèdent en 750, d’abord à Bagdad jusqu’à sa chute sous les coups des Mongols en 1258, suivie du Caire sous le sultanat mamelouk; enfin les Ottomans à partir de 1517 jusqu’en 1924, leur centre étant Istanbul.
Notons enfin qu’une troisième branche dite kharidjisme الخوارج a vu le jour, se divisant elle-même en divers groupes dont les Ibadites, présents dans le Sultanat d’Oman.

Morale de l’histoire : Ce vaste réseau de tendances et de courants structure l’histoire du monde musulman dans le rapport au pouvoir, mais aussi aux langues, ou encore aux arts, dont celui de la calligraphie qui nous attend pour un prochain épisode…

Et puisque nous évoquions Bagdad, n’était-elle pas « La Cité de la Paix » [Madinat-Al-Salam] attirant philosophes, poètes, mathématiciens, musiciens, juristes, astronomes… ouvrant en 832 la première et incomparable Maison de la Sagesse (Bayt al-hikma).
Drôle de monde !