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Nüshu, écriture des femmes…

repère(s) :écriture

Incroyable nüshu 女书 !
Un système d’écriture qui était principalement utilisé par les femmes du comté de Jiangyong 江永, dans la province du Hunan, en Chine.
Environ 1000 signes assez proches des caractères chinois, mais avec une forme en losange (donc différente du carré chinois !).
Oui, une écriture réservée aux femmes ! Un véritable mode de communication leur permettant de se rapprocher d’autres femmes alors qu’elles n’avaient pas accès à l’écriture chinoise elle-même.
Chaque caractère renvoie à une syllabe, retranscrivant le dialecte local.
Les traits de cette écriture y sont fins, effilés, et certains ont pris coutume de la nommer : “écriture de moustique”.
Le tout se lisant de droite à gauche et de haut en bas.
Pour nous remettre dans le contexte de son apprentissage, il faudra imaginer l’artisanat que ces femmes partageaient autour principalement de travaux d’aiguille.
Se réunissant ainsi pour broder, les voici qui chantaient des chants traditionnels tout en les recopiant en nüshu. Exercice qui leur en accordait une maîtrise progressive jusqu’à ce qu’elles soient en mesure de produire leurs propres écrits.
Mouchoirs, vêtements, éventails, les supports ne manquaient pas afin de favoriser ces exercices.
On peut donc affirmer que cette écriture joua un rôle social indéniable, lequel prenait toute sa dimension avec ce que l’on appelait la coutume des sœurs jurées (jiebaizimei) 结拜姊妹, des jeunes filles établissant entre elles un lien fort et durable, pouvant s’étendre à des groupes de 6 ou 7 sœurs.
Autre moment d’importance, après le mariage et jusqu’à la naissance du premier enfant, les jeunes femmes retournaient dans leur propre famille. C’est à ce moment-là qu’une autre coutume se déroulait dite du Livret du troisième jour, Sanzhaoshu 三朝书.
Document précieux où les sœurs exprimaient leurs vœux et conseils, mais aussi la peine de leur séparation.
Quant à dire à quelle époque cette écriture des plus originales vit le jour, les hypothèses vont bon train. Si certains attestent une antériorité de 1000 ans, d’autres colportent de belles légendes. Comme celle de cette jeune fille, choisie comme femme du palais impérial qui, dans sa nostalgie, décida d’écrire à ses amies au pays, au moyen d’une écriture mystérieuse, à lire de biais.

Morale de l’histoire : Combien de mystères jalonnent l’histoire de la communication, qui nous racontent le talent de celles et ceux qui ont songé à en relever les défis !

La dernière personne connue à utiliser couramment le Nüshu, Yang Huanyi est morte à 98 ans, le 20 septembre 2004 dans le centre Chine. Et si l’on pouvait penser non sans tristesse qu’elle emporterait avec elle cette riche histoire, certains signes, pas seulement commerciaux et touristiques, attestent aujourd’hui du contraire. Nombre ayant pris à cœur d’en prolonger la connaissance et la beauté !
Drôle de monde !

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