Continent – du latin continere signifiant : tenir ensemble, désignant donc les terres continues.
Mais alors, combien de continents retenir et pourquoi les avoir ainsi nommés ?
Pour ce qui concerne la première question, le nombre de continents, six est souvent avancé. Mais d’aucuns inviteront à relativiser cette distribution. L’Amérique ne mérite-t-elle pas deux continents ? L’Asie et l’Europe n’en forment-elles pas qu’un seul ? L’Océanie correspond-elle à une « continuité » ? Et que dire de la découverte de Zealandia, un bloc continental presque submergé, formant principalement la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie ?
Pour alimenter ce débat, rappelons le continent primitif, la Pangée, mis en lumière par la théorie du météorologue allemand Alfred Wegener (1880-1930). Ce continent se serait divisé au cours de 250 millions d’années pour former le système actuel, continuant à évoluer…
Quant aux noms que l’on attribue aux continents, le débat n’en est pas moins riche.
Prenons l’Amérique. Un certain Martin Waldseemüller (1470-1520), cartographe, aurait ainsi rendu hommage à l’explorateur florentin Amerigo Vespucci en 1507, négligeant quelque peu Christophe Colomb. « Amérique », un nom rejeté par certaines communautés indigènes. Une proposition ayant émergé avec le terme substitutif « Abya Yala », signifiant « Terre dans sa pleine maturité » en langue kuna pratiquée au Panama.
Non moins captivante est la légende d’Europe, fille du roi phénicien Agenor, courtisée puis enlevée par Zeus. Celui-ci l’aurait emmenée en Crète et de leur union naquirent trois enfants. L’étymologie grecque renverrait à une fille « aux larges yeux » ! Une autre étymologie, sémitique, lui préfèrerait l’idée du « couchant », ce qui correspond bien à la direction prise par le couple pour vivre leurs amours. Renvoyant à un autre terme, assou, qui selon certains auraient donné « Asie », à savoir le « Levant ».
« Afrique » renverrait tout d’abord à l’appellation romaine de la province occupée dans le Nord dès le IIe siècle av. J.-C., succédant à la Libya grecque. On y reconnaîtra peut-être aussi la tribu amazighe des Ifri. D’aucuns y voient plutôt une trace d’un mot sémitique désignant la « poussière ».
« Océanie » pour sa part serait apparu en 1812 sur la proposition du géographe Conrad Malte-Brun, tandis qu’« Antarctique », en référence à l’Arctique, est attaché au grec arktos signifiant « ours ». Celui-ci désignant la constellation de la Petite Ourse, dont l’étoile polaire indique le nord .
Morale de l’histoire : S’il nous vient l’idée de désigner quelqu’un par son appartenance continentale, arrêtons-nous un instant afin de songer à ce que l’on est en train de dire…
Pour en revenir à la théorie de la dérive des continents avancée par Wegener, rappelons que celle-ci fut longtemps rejetée avant de s’imposer comme le modèle dominant. Assurément, les avis peuvent changer.
Drôle de monde !
Source : Diffusé avec SUP’DE COM dans le cadre de la série de vidéos « Les Improbables Rencontres » / 2023
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