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La Route des Incas

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Lorsqu’il découvrit la Route des Incas au XVIe siècle, Pedro Cieza de León n’en crut pas ses yeux ! « Oh ! Combien davantage on aurait fait l’éloge des autres rois qui ont gouverné la terre, s’ils avaient su faire un chemin comme celui-ci, le plus grandiose et long du monde » ! (Crónicas del Perú – 1553)
Ce chemin porte en langue quechua le nom de « Qhapaq Ñan », la « Route royale », et il est l’une des constructions les plus inouïes que les êtres humains aient produites. S’étendant sur tout l’empire inca, c’est-à-dire de la capitale de l’Equateur actuel, Quito, jusqu’au sud de celle du Chili, Santiago, couvrant la Bolivie, l’Argentine, la Colombie et bien entendu le Pérou actuels, le Qhapaq Ñan se déploie en deux lignes quasi parallèles longeant les crêtes andines d’un côté parfois à plus de 5000 mètres, et les côtes du Pacifique de l’autre. Une série de perpendiculaires relie ces deux routes dans un fascinant réseau favorisant les échanges, la communication, le commerce mais aussi la défense de l’Inca.
Cuzco, capitale de l’empire, en est le centre névralgique. En partent quatre chemins qui vont vers les quatre suyos cardinaux. L’un d’eux se dirige vers l’extraordinaire cité du Machu Picchu.
Hérité des communautés andines qui les ont précédés, les Incas ont porté le Qhapaq Ñan à son apogée au 15e siècle, s’étendant sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres. Des ponts, des tunnels y bénéficiaient du génie le plus avancé. Des tambos, bâtiments fortifiés et compartimentés, jalonnaient la route. Tout avait été pensé pour faciliter le stockage des marchandises, le confort et la désaltération des voyageurs ou encore la communication des messages impériaux.
A ce titre, les chasquis avaient pour mission de colporter ces messages en courant. Oui, oui, en courant !
En fait, n’oublions pas qu’en l’absence de chevaux, on se déplaçait ici à pied même si les charges plus lourdes pouvaient être acheminées à dos de lama.
La mission des messagers pouvait revêtir la plus haute importance, comme par exemple la levée de troupes. Occasion de nous rappeler que les Incas ne possédaient pas d’écriture, mais un système fort ingénieux de cordelettes à nœuds qu’on appelait les : quipus.
[quipu nm : cordelettes à nœuds utilisées par les Incas sur l’ensemble du territoire pour véhiculer diverses sortes d’information, en particulier statistiques (inventaire, recensement…) ]
A proximité du relais, les chasquis s’annonçaient à l’aide d’une conque, afin que le coureur suivant se prépare ou tout simplement que l’on dégage la route.

Morale de l’histoire : Quel que soit le lieu où nos pas nous portent, n’oublions jamais ceux et celles qui ont rendu ces déplacements possibles.

L’incroyable « Qhapaq Ñan, réseau de routes andin » a été inscrit en 2014 sur la liste du Patrimoine mondial – en reconnaissant l’immense héritage, les apports sociaux, économiques, culturels, tout en appelant à son indispensable préservation.
Drôle de monde !

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