La capitale des jumeaux

Kondinji – Un village du Kerala കേരളം dans le sud de l’Inde entre climat tropical, mousson, rizières et cocotiers, avec une particularité : quantité de… jumeaux et jumelles, bien au-delà de la moyenne nationale de naissances gémellaires. Et donc, l’une des capitales mondiales des jumeaux…
« Une » en effet… car deux autres candidates postulent à ce titre. Cândido Godói par exemple, au Brésil, région du Rio Grande do Sul.
La situation ici ne manque pas d’hypothèses pour le moins déroutantes.
L’une d’entre elles mentionne le médecin nazi de sinistre mémoire, Josef Mengele, chantre de la race aryenne à Auschwitz-Birkenau. Y aurait-il conduit certaines expériences après avoir fui l’Europe ?
Hypothèse rejetée par d’autres qui avancent que le phénomène lui serait antérieur, suggérant par exemple l’existence d’un facteur environnemental jouant le rôle de perturbateur endocrinien.
Vient alors la troisième capitale, et pour cela nous nous rendrons au Nigeria à Igbo-Ora, situé au nord de Lagos. Un panneau nous y accueille : « Bienvenue dans la capitale mondiale des jumeaux ! ». Nous nous trouvons au sein de la culture Yoruba, et cette question des jumeaux y a été appréhendée diversement au fil des âges.
Longtemps il y a été admis que les jumeaux témoignaient d’événements maléfiques. Puis l’attitude à leur égard changea, pour nourrir finalement un culte dit des Ibeji, renvoyant à un orisha, une divinité Yoruba (en langue Yoruba, ibi : « né » et eji : « deux ») – Le babalawo [prononcé Baba-a-láwo], le grand prêtre, est convoqué à la naissance et une cérémonie est donnée.
Ce culte se traduit par la sculpture de statuettes jumelles dite ere ibeji. Et si hélas l’un des jumeaux décède, la statue a pour mission d’accueillir l’esprit du défunt; la mère en prendra grandement soin.
Quant aux raisons de cette profusion gémellaire, chacun a son idée. Certains assurent qu’elle se situe dans la consommation d’igname sauvage réputée contenir une hormone naturelle. D’autres, généticiens, affirment que le gène responsable des naissances multiples monozygotes se trouve dans cette région, transmis de génération en génération…
Quoi qu’il en soit, chaque année, un festival a lieu à Igbo-Ora pour célébrer les jumeaux et le oba, le roi local, y déclare que c’est là l’occasion « d’annoncer la paix, le progrès, la prospérité et porter chance aux parents » ! Que vivent donc les ibeji !

Morale de l’histoire : Et si à l’invitation de Kondinji, de Cândido Godói ou d’Igbo-Ora, nous fêtions les jumeaux ?

Castor et Pollux, Romulus et Rémus, Ixbalanque et Hunahpu chez les Mayas, ou encore Nakula et Sahādeva dans le Mahabharata, Freyr et Freyja dans la mythologie nordique… de quoi mener enquête dans les mille et une manières de raconter la gémellité.
Drôle de monde !