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Ecrire en cherokee

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Séquoia, quelle belle sonorité !
Le séquoia est un arbre prestigieux, connu par ses dimensions imposantes. Avec des spécimens dont la circonférence peut atteindre 30 mètres, des hauteurs jusqu’à 100 mètres et plus, ou encore un âge pouvant aller jusqu’à 2000 ans, cet arbre se caractérise à bien des égards par son exception.
Pourtant qui imaginerait que le mot « séquoia » viendrait, d’après l’une de ses étymologies, d’un nom cherokee. Vraiment ?
Découvrons alors George Guess, nom anglais d’un certain… Sequoyah (cherokee : ᏍᏏᏉᏯ, Ssiquoya) ayant vécu entre 1770 (plus ou moins) et 1843.
Sequoyah naquit dans le Tennessee. Nous le retrouvons plus tard en Alabama, où il est orfèvre.
Et c’est là, qu’un atelier d’imprimerie lui inspirera un rapport très personnel à l’écriture. Chose d’autant plus spéciale que la communauté cherokee comme d’autres peuples natifs n’avait pas à cette époque une bonne opinion de la sorcellerie véhiculée par les feuilles parlantes…
Au tout début, Sequoyah imagina un système d’écriture visant à créer un caractère pour chaque mot. Mais la tâche se révéla titanesque ! Son entourage pensa que la folie s’était emparée de lui !
On dit même que sa femme aurait brûlé ses premiers essais !
Il finit par comprendre que cette voie était sans issue, qu’une autre approche devait être tentée : créer un signe pour chaque syllabe, soit un « syllabaire ».
[syllabaire nm. : système d’écriture dans lequel chaque signe représente une syllabe (et non un son simple).
TAGS : ECRIRE]
Il en sortit un système de 86 caractères (réduit aujourd’hui à 85). Ne restait plus désormais qu’à le faire accepter.
Tout d’abord sceptiques, ses interlocuteurs finirent par être impressionnés par un exercice qu’il avait mis au point avec sa jeune fille. En effet Sequoyah demandait simplement aux chefs de dire un mot qu’il portait par écrit. Il appelait ensuite sa fille restée à l’extérieur afin qu’elle lise le mot choisi. Et l’effet était généralement garanti !
La Nation Cherokee adopta officiellement le syllabaire de Sequoyah en 1825.
S’ensuivit la publication du Cherokee Phoenix, journal rédigé en cherokee et en anglais.
Ce serait en 1847 que le directeur du jardin botanique de Vienne, Stephan Ladislaus Endlicher, aurait choisi de lui rendre à son tour hommage… Bon, les étymologies faisant toujours l’objet de savantes controverses, d’autres assurent que le mot séquoia serait plutôt à attribuer à la classification proposée par le botaniste, et en particulier au mot « séquence ». Soit !
Morale de l’histoire : La prochaine fois que vous voyez un séquoia, étymologie ou pas, ayez une pensée émue pour la Nation cherokee.
Il est en Afrique, au Libéria, une écriture dite Vai, créée dans les années 1830. Or, certains suggèrent que celle-ci aurait pu être inspirée par … le syllabaire cherokee, mentionnant par exemple un mariage entre un jeune homme cherokee dénommé Austin Curtis et une jeune femme Vai d’une importante famille… De là à déduire !
Drôle de monde !

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