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Le temps de la lingua franca…

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On appelle « lingua franca » à l’origine un sabir qui était utilisé dans les ports de la Méditerranée entre l’époque des croisades et la fin du 19e siècle. Son vocabulaire attestait de son extraordinaire richesse puisqu’il mêlait des termes empruntés au français, à l’espagnol, à l’occitan, au catalan, au portugais, à l’italien, au sarde, à l’arabe, au maltais, au turc… Le terme « lingua franca » en vint à désigner toute langue auxiliaire utilisée par des populations de langues maternelles différentes. On peut ici citer le latin dont l’expansion en Europe occidentale s’est accomplie dans le sillon de l’Empire romain, puis de la liturgie chrétienne. On pourrait tout autant citer le développement du kiswahili en Afrique de l’Est, de l’arabe sur un large bassin d’influence, du sanskrit dans l’espace indien, ou encore du français qui fut longtemps la langue de la diplomatie par excellence. Mais bien entendu s’il est une langue qui, de nos jours, s’impose comme l’exemple même de cette communauté de pratiques, c’est l’anglais. Certes si l’anglais britannique fut largement diffusé tout au long de l’histoire de l’Empire britannique, c’est une forme d’anglais international qui suscitera une autre internationalisation, celle du modèle américain. À grand renfort de consommation de masse, de monde des affaires, de diffusion culturelle (musique, cinéma…), sans compter avec le déferlement du vocabulaire et des langages informatique et numérique, c’est à un véritable raz-de-marée que le monde aura pu assister. De cette situation planétaire ressort bien des cas particuliers de contacts et de créativité langagière. Citerons-nous le konglish 콩글리시, un style d’anglais utilisé par les locuteurs sud-coréens et dont les termes ne sont pas toujours compréhensibles d’un natif anglophone comme par ex. le haendeupon 핸드폰, contraction de « hand » et « telephone » pour désigner le portable. Non moins intéressant est du côté nippon le wasei-eigo和製英語, entendons « l’anglais fabriqué au Japon » produisant des termes comme salarymanサラリーマン, le salarié type. Et que dire du singlish, un créole de Singapour à base anglaise et à la grammaire simplifiée, mêlant des termes malais et chinois… Nous avons dit « lingua franca » ?

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