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Éliézer Ben-Yéhouda – Faire renaître l’hébreu…

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En 135 de notre ère, l’État juif disparaît face à la puissance romaine. Une partie de la communauté se dispersa (le mot diaspora signifie « dispersion »). Songeons alors que mille huit-cent treize ans séparent cette fin de l’État juif antique, de la création de l’État d’Israël en 1948. Comment y furent maintenues la connaissance de la langue, la pratique de l’écriture ? Où le furent-elles ? De quelle manière ? Un adage dit à propos du shabbat, le jour de repos (le samedi) : « les Juifs l’ont conservé, et il les a conservés ». Certains n’hésitent pas à en dire autant de la langue biblique, et de l’écriture qui la transcrit.
L’hébreu qui cessa alors d’être parlé dans un pays spécifique, devait bien sûr se transformer. C’est pourquoi on qualifie non plus d’hébreu biblique, mais d’hébreu mishnique la langue de cette époque. Elle correspond à la période qui vit la compilation de la Mishnah (premier recueil de la loi juive orale). Par ailleurs de nouvelles langues se formèrent au contact des différentes situations géolinguistiques. La plus célèbre qui en découle est le yiddish, ou judéo-allemand, une langue germanique parlée par les Juifs dits ashkénazes. Citons encore le judéo-espagnol, ou le judéo-arabe, pour la communauté séfarade. Le linguiste Claude Hagège dit à ce sujet : « L’hébreu n’était plus vivant, mais il n’était pas mort. » Le yiddish, mélange d’allemand, d’influences slaves, et de mots hébreux, continua à être transcrit en alphabet hébreu. On peut qualifier cette époque qui succède à l’hébreu mishnique au 3° siècle, de néo-hébreu. Elle s’étend jusqu’au 19° siècle, et précède ainsi celle de l’hébreu moderne, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui.
S’il est une personne qui a marqué cette renaissance, c’est incontestablement Éliézer Ben-Yéhouda (1858 – 1922). Dans la suite du mouvement initié par la Haskala, il participe ardemment à la création de l’Union pour la langue et la culture hébraïques en 1909, et publie le premier volume de son Dictionnaire de la langue hébraïque ancienne et moderne l’année suivante. L’on considère généralement ses deux enfants comme les premiers locuteurs natifs de l’hébreu moderne.

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1900-1925Israëljudaïsmelanguelg hébreu