[Chaque âge est un espace d’épanouissement. C’est dans un dialogue intergénérationnel que nos sociétés dessinent leurs plus belles histoires. Comment un profond respect pour chaque âge de la vie peut-il être une condition fondamentale de notre bien-être commun ? Rejoignons l’espace australien pour nous y interroger…]
Nous naissons tous et toutes dans ce qui apparaîtra un jour à nos yeux ou à ceux d’autrui comme une « génération ». Génération de « la » guerre, génération des années 1960, génération de la crise pétrolière, génération des natifs du numérique… Au gré d’assemblages somme toute assez grossiers, nous voici embarqués dans une histoire dont on pense à tort ou raison qu’elle nous a marqué.es ou nous marquera par ses références, ses mouvements, sa vision de la société ou de l’avenir… Et de là, des jugements assez catégoriques s’enchaînent comme autant de lignes de fractures et d’opposition potentielle qui ne manquent pas de susciter les réactions de regroupement plus ou moins sincère ou factice qu’on attend d’elles.
Nous sommes sur les terres australiennes, dans le temps long de l’héritage aborigène. Et nous nous rappelons au Tjukurpa (ou djugurba parmi diverses appellations possibles) : le Rêve. Oui, le Rêve, cette période de laquelle tout est né. Les pierres comme le désert, les ruisseaux comme les billabong, ces indispensables trous d’eau. Ce moment germinal où la Terre était occupée par des créatures mythiques, homme-lézard ou crocodile, serpent arc-en-ciel… Les Ancêtres ont voyagé et partout ils ont donné forme à la vie. Partout à travers grottes, arbres, rochers, ils ont fait de la création ce moment éternel qui échappe à l’ordre linéaire du temps. Alors, si nous faisons ce saut après avoir parlé de génération, c’est tout simplement parce qu’il contient un autre message que celui quelque peu étroit de décennies artificiellement séparées, divisées, opposées… Le message de la continuité dont on voit bien avec les soubresauts du monde contemporain combien sa remise en cause peut affecter toutes les générations emportées par une perte de repères… Les générations présentes, à venir, et passées, méritent un contrat à la hauteur des défis que nous connaissons. Leur avenir tient dans une alliance inégalée, celle des compétences mutuelles, des savoirs partagés, des actions mutualisées… Les générations peuvent-elles y accéder tous âges confondus ?
Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition de « l’âge » ?
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