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Scriptopolis : écrire la ville…

repère(s) :écriture

[Dans Scriptopolis, ouvrage étonnant mêlant textes courts et photos prises dans l’espace public, quatre chercheurs en sciences sociales interrogent la multitude des écrits qui structurent notre quotidien alors que nous n’y prêtons presque plus attention. Entretien croisé avec Marie Alauzen, Jérôme Denis, David Pontille et Didier Torny.] Scriptopolis est un assemblage de microenquêtes sur l’écriture, équipées par la photographie. On peut y trouver une documentation sur le long cours de la multitude des formes scripturales que nous côtoyons, produisons et manipulons au jour le jour : des graffitis, des panneaux de signalisation, des publicités, des écrans d’information…. Scriptopolis, qui est à l’origine un blog, est devenu un livre grâce à l’énergie d’Élodie Boyer des éditions Non Standard. Son travail associé aux inventions graphiques mises en œuvre avec Patrick Doan, ont permis de fabriquer un objet dans lequel on peut naviguer en suivant la piste de catégories variées (enseignes, formulaires, cimetières, archives, correspondance…), mais aussi prendre plaisir à se perdre au hasard des plis de la reliure.

« Les écritures exposées font partie de la ville elle-même, de ce qu’habiter ensemble un espace organisé et politisé veut dire. Elles sont au cœur du façonnement des espaces urbains. Lorsque l’on pense à elles, lorsqu’on les analyse, ou simplement lorsqu’on vient à y jeter un œil, on les associe surtout au pouvoir, à la solidité, à la durée, en un mot à la monumentalité. Parce qu’elles sont institutionnelles, elles peuvent être considérées comme un instrument de pouvoir et de discipline qui met en place une certaine forme d’espace public, d’atmosphère (politique, commerciale…). Mais c’est seulement un aspect de ces mots énormes qui peuplent les lieux publics. Leur force et leur pouvoir s’appuient sur des opérations très ordinaires qui, littéralement, les maintiennent. Un travail quotidien grâce auquel l’usure et la rouille sont combattues encore et encore. C’est trivial. Nous savons cela. Simplement, nous n’y prêtons pas attention. Nous remarquons à peine les petits humains qui apparaissent régulièrement à côté de ce « A » gigantesque ou de ce point d’exclamation massif, parfois même pendus à eux, et qui en prennent soin. »

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