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Edubba, le temps d’éduquer…

repère(s) :éducation

[L’éducation est à la base de tout : son absence ou ses insuffisances pointent donc sans réserve le socle manquant. À l’heure de bouleversements mondiaux majeurs, à l’heure de grandes complexités, comment l’éducation peut-elle pleinement répondre à sa mission ? Comment ses contenus, ses moyens, peuvent-ils être au rendez-vous de nos temps ? Éduquer à une bouteille à la mer ?…]

L’anthropologue Margaret Mead nous confiait : « À l’heure actuelle, nous sommes parvenus au stade où il nous faut enseigner aux gens ce que personne ne savait hier, et préparer dans nos écoles à ce que personne ne connaît encore mais que certains devront savoir demain. » Bien au-delà de la formule, son avertissement nous éclaire de toute sa pertinence et questionne la manière dont nous serions supposés répondre aux défis éducatifs contemporains. Qu’enseigner ? Selon quels modèles ? Avec quelles intentions ?… À travers elle, c’est toute l’histoire de l’éducation, allant de l’école primaire à la formation tout au long de la vie, qui revendique ici sa pleine contribution à notre questionnement.

Nous sommes dans une edubba, entendons une école des scribes sumérienne. Ô nous pourrions pareillement nous retrouver dans une yeshiva rabbinique, une madrasa coranique, une terakoya bouddhiste ou une école Montessori… Nous sommes dans une edubba, littéralement « maison des tablettes », en Mésopotamie voici quelques millénaires. Un lieu où l’apprenant allait des années durant se confronter à la maîtrise de l’art d’écrire, ici cunéiforme. Un lieu des tablettes, des exercices répétés, d’heures cumulées où des paliers d’enseignement étaient successivement franchis permettant de produire les signes de base, manier un stylet, etc. Découverte échelonnée de corpus entiers de termes catégorisés en fonction des savoirs de l’époque comprenant arbres, objets en bois, en cuir, en métal, types d’animaux, etc. puis les nombres, les formules des contrats jusqu’à la production de textes littéraires. Un exemple parmi des milliers d’autres d’un contexte, d’une articulation et de la manière dont des cités antiques en établirent les équilibres. Pourrions-nous aujourd’hui, avec l’aide des pédagogues les plus avisés, nous interroger sur l’adéquation des contenus éducatifs aux exigences de notre temps : à l’instar de l’avertissement précité, que doit viser cette adéquation ? Comment former nos esprits, jeunes ou moins jeunes, à la complexité de notre époque ? Comment l’éducation, dans sa vision la plus noble, peut-elle aider à relever le défi écologique, social, éthique… ? En quoi la transformation numérique y joue-t-elle un rôle majeur qui dépasse largement sa seule technicité ? Et si nous nous rapprochions un peu plus que de coutume de toute l’intelligence sédimentée de l’histoire pédagogique et de ses déclinaisons historiques & culturelles pour aider à façonner une série de problématiques à la dimension des enjeux les plus actuels : ceux de la défense de la vie et de la paix, de l’épanouissement individuel sans condition d’identité, de la dignité universelle… parmi quelques autres ?

Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition de « l’éducation » ?

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