Nous sommes au cœur de la Seconde guerre mondiale. Les communications sont bien entendu décisives dans les combats qui font rage. Et plus particulièrement dans leur cryptage. On sait par exemple à quel point le travail d’Alan Turing y fut majeur, dans la cryptanalyse de la machine Enigma employée par les armées allemandes. Mais c’est dans un tout autre espace que nous nous rendrons ici, celui du Pacifique. Qu’y trouverons-nous ? Les bases d’une langue pratiquée par les Navajos appartenant aux langues athapascanes dans la famille na-dené. Si l’on cherche une raison à cette étrange situation, il nous faudra trouver ses racines dans un projet apparemment insensé conçu visant à déjouer la surveillance japonaise et échapper à ses tentatives de décodage.
Sur la proposition de Philip Johnston (1892-1978), non navajo, un groupe d’une trentaine de « code talkers » en jettera les bases en 1942 au Camp Pendleton en Californie. La langue navajo sera tout particulièrement efficiente en raison de caractéristiques assez complexes à acquérir que ce soit du côté de sa grammaire, de ses intonations, ou de l’emploi d’un vocabulaire riche de toutes ses spécificités. Autant d’éléments permettant de tromper la vigilance des décodeurs nippons…
« Deux techniques. Utiliser des mots complets de vocabulaire navajo. A-YE-SHI (oeufs) pour dire « bombes ». CHAL (grenouille) pour « véhicule amphibie ». LO-TSO (baleine) pour « Navire de guerre ». Ou, lorsque ce n’était pas possible, énumérer le message, lettre par lettre. Pour un A, « Ant » (fourmis) en langue navajo : WOL-LA-CHEE. Ou « Apple » (pomme): BE-LA-SANA. Pour un D, « Deer » (Cerf): BE. Ou « Dog » (Chien): LHA-CHA-EH. Et ainsi de suite. » (https://www.letemps.ch/societe/navajos-guerriers-mots)
421 jeunes navajos seront finalement intégrés au corps des marines pour aller combattre et surtout coder dans le Pacifique.
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