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Le turc – Une langue agglutinante…

repère(s) :langue

Un morphème est le plus petit élément porteur d’un trait grammatical précis. Plus scientifique que le terme très général de « mot », il se prête à une analyse dite morphologique qui permet de dire par exemple que « livreurs » est composé de trois morphèmes (à l’écrit) : livr-, -eur- « celui qui fait » et -s (marque du pluriel). On appelle langue agglutinante, une langue dont les termes sont formés par un assemblage de morphèmes. C’est au début du 19e siècle que cette appellation leur a été donné pour la première fois par les frères Schlegel, les différenciant des langues dites isolantes où les mots sont fixés, invariables (par ex. le chinois, le tibétain, le vietnamien, ou encore l’ewe…) et des langues fusionnelles (ou synthétiques) où les mots peuvent changer de forme, chaque forme pouvant porter plusieurs sens (toutes les langues indo-européennes en font partie, à l’exception de l’arménien). Notons que langues agglutinantes et fusionnelles forment ensemble les langues flexionnelles. Revenant donc aux langues agglutinantes, on peut aussi bien y retrouver le hongrois, le japonais, le mongol, le finnois, les langues bantoues ou encore le turc. C’est du reste la langue turque que nous observerons ici dans quelques exemples en montrant les possibilités. Souhaitons-nous évoquer une « capitale » ? Quoi de mieux que d’associer baş qui signifie la « tête » et kent la « ville », le tout donnant başkent, la « capitale ». Serions-nous tentés de parler de beauté. Güzel signifie « beau ». En lui associant -lik, un suffixe substantif, on obtient aussitôt güzellik, la « beauté ». Et en lui adjoignant -leş « devenir » on obtient güzelleş soit « devenir beau/belle »… De même sachant que anne signifie « mère », anneanne désignera… la « grand-mère », anneanneler, les « grand-mères » ou encore anneannelerimiz, « nos grand-mères », etc. (source : http://projetbabel.org/) Un vrai jeu de construction et d’apprentissage ! Avant de nous quitter, on aura remarqué que le turc s’écrit aujourd’hui en alphabet latin. Cela n’a pas toujours été le cas, puisque le passage au latin date du 1er novembre 1928. C’est en effet à cette époque qu’un bouleversement d’ampleur dit La révolution des signes (en turc : Dil Devrimi), voulu par Mustapha Kémal dit l’Atatürk (« le père des Turcs »), a institué l’usage de l’alphabet latin en remplacement de l’alphabet arabe, interdit deux jours plus tard. Cette réforme sera conduite par des linguistes autrichiens s’appuyant sur les règles de la phonétique allemande mettant fin à près de 1000 ans d’usage de l’arabe pour la transcription du turc. Des Écoles dites du peuple (en turc : Millet mektepleri) apparaitront alors dans tout le pays, visant à apprendre à lire et écrire à l’ensemble de la population.
sources :
https://gerflint.fr/Base/Turquie9/divitcioglu.pdf
https://webtv.univ-rouen.fr/videos/10-16-15-093742-partie-2/
http://projetbabel.org/

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1925-1950languelgs turciquesTurquie