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Le picard – langue collatérale

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Langue belgo-romane, le picard s’est singularisé dès le Vème siècle au sein des parlers de la France du nord : c’est l’époque où le « cat » ou « cot » picard commença à se différencier du « chat » français. À la fin du IXème siècle, la Cantilène de Sainte Eulalie, l’un des tous premiers textes écrits en langue vulgaire (conservé à la bibliothèque de Valenciennes), comportait des formes identifiables comme picardes : « cose » pour « chose », « diaule » pour « diable ». Le picard devint une grande langue littéraire (scripta) entre le XIIIème et le XVème siècle, avec des auteurs comme Adam de la Halle et Jean Bodel (Arras), Froissart (Valenciennes), Robert de Clari (Cléry-sur-Somme près de Péronne), ou encore la chantefable anonyme Aucassin et Nicolette. Ce fut aussi, dans les grandes villes du Nord, la langue d’administration et de régulation sociale.
Le picard est une langue proche du français, mais ce n’est ni un patois, ni un dialecte du français : les sociolinguistes parlent de « langue collatérale ». Il possède une phonétique, une grammaire et un vocabulaire originaux, auxquels on peut s’initier par exemple dans le Dictionnaire français-picard publié par l’Agence Régionale de la Langue Picarde.
Le picard est parlé traditionnellement dans une grande partie des Hauts-de-France, y compris dans le versant nord où il est souvent dénommé « Chti » ou « Chtimi » (sobriquet donné pendant la 1ère Guerre Mondiale aux Poilus du Nord, en référence aux mots picards « chti » [celui], « ti » et « mi » [toi, moi] qui ponctuaient leurs conversations). Il est également la langue régionale du Hainaut occidental en Belgique. Selon une enquête de l’INSEE en 1999, entre 10 % et 27 % de la population adulte du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme parlaient ou comprenaient le picard.

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