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Le joyeux cimetière

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Et si le mot « cimetière » rimait avec « joyeux » ?
C’est au Nord de la Roumanie, proche de la frontière ukrainienne, dans le județ de Maramureș que se situe un lieu atypique : le cimetière de Săpânța… En fait, le JOYEUX cimetière de Săpânța.
Un cimetière dont les tombes pour le moins originales sont couvertes d’épitaphes, rédigées avec humour, tendresse, dérision…
On peut y lire par exemple :
« Je travaillais pour être riche
mais j’ai dû tout laisser derrière moi.
Alors j’aimerais que les gens s’arrêtent
et lisent ceci sur ma croix »…
Ou encore :
« Aussi longtemps que j’ai vécu, j’ai aimé boire.
Quand ma femme m’a quitté, j’ai bu parce que j’étais triste.
Puis j’ai bu davantage pour me rendre heureux.
… J’ai beaucoup bu, et maintenant, j’ai toujours soif.
Alors vous qui venez à mon lieu de repos, laissez un peu de vin ici. »
Cette poésie de la mort n’aurait jamais vu le jour sans un certain Stan Ioan Pătraș. Artisan local, il se lança au cours des années 1930 dans une activité des plus singulières.
Il sculpta une croix de chêne en utilisant des couleurs vives y inscrivant une première épitaphe, dans l’esprit de vieilles traditions…
Elle fut suivie de nombreuses autres.
Pendant des décennies, en fait jusqu’à sa mort, Stan Ioan Pătraș s’employa à produire des hommages personnalisés se consacrant ainsi aux disparus en leur confectionnant une sépulture sur mesure. Pour chacun, pour chacune, une petite scène en bas-relief représente un des traits majeurs de l’individu ou les circonstances de sa mort. En dessous, une épitaphe complète le dessin.
De forme rectangulaire, ornées de motifs géométriques, floraux, astronomiques, elles sont couronnées d’une croix, surmontée d’un joli petit toit.
Au décès du maître en 1977, Dumitru Pop, un disciple, reprit le flambeau.
Et à ce jour, le « joyeux cimetière » de Săpânța nous émerveille de plusieurs centaines de stèles, offrant l’une des grandes attractions touristiques de la région…

Morale de l’histoire : Prenons le temps nécessaire à la découverte de nos rites mortuaires – Ils nous disent parfois mieux que d’autres notre rapport à la vie…

Parmi ces usages à travers le monde, songeons dans cette même veine de l’humour et de l’hommage personnalisé, aux cercueils fantaisie au Ghana. Une tradition datant des années 1950 qui consiste à produire des cercueils reflétant l’activité du défunt voire une passion, ou un rêve… C’est ainsi qu’on y trouve tout aussi bien des cercueils en forme de… chaussure de sport, d’épi de maïs ou encore d’avion. Une autre idée de l’art mortuaire !
Au fait, c’est également au Ghana qu’on trouvera les incroyables porteurs de cercueil dansant, mondialement reconnus durant la pandémie de COVID-19.
Drôle de monde !

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