[Des centaines de millions de tonnes de déchets flottant ou s’atomisant dans les océans. Un million de bouteilles en plastique vendues chaque minute dans le monde… Face à l’inondation des grands chiffres, et à leur possible manque de sens, voire d’humanité, n’est-il pas temps de se rappeler à l’unité de tout phénomène : à tel cas, à telle personne, à tel objet, à ce que chacun d’eux représente d’irréductible face à la grande masse des évaluations sommaires. N’est-il pas temps d’en prendre la mesure, et si possible la juste mesure. Exemple du lagom suédois…]
Bienvenue en Suède où il fait bon d’agir en tenant compte d’un principe, dit lagom. Évidemment difficile à traduire ! Disons que cela correspond peu ou prou à « ni trop ni trop peu », en quelque sorte « raisonnablement ». Très utile dans la vie quotidienne, comme les affaires, on peut le trouver dans toutes sortes de contextes. Bien sûr l’idée même de ce qui est « raisonnable », par exemple du « temps raisonnable » pour accomplir une tâche peut prêter à quelque légitime questionnement ! Et pour celles et ceux qui en cherchent les racines profondes… « un mythe à propos du mot lagom nous apprend qu’il résulte d’une vieille tradition viking. Lorsque les Vikings faisaient passer la corne qui leur servait de coupe, chacun était supposé boire tout juste assez pour que le récipient puisse faire lag om (le tour de l’assemblée ou du groupe), c’est-à-dire qu’ils ne devaient pas boire trop (ni trop peu), mais juste suffisamment pour que tous puissent boire à la corne. » (source : etudes-scandinaves.unistra.fr) D’autres soutiennent que le terme lagom serait emprunté à l’ancien suédois lagh signifiant « loi », laghum voulant dire « conformément aux lois ». » On aime enfin à le ramener à un illustre dicton : Lagom är bäst, soit « Lagom, c’est le mieux » ou « assez est plus important que trop », vantant les bienfaits de la modération.
En vérité, par-delà le lagom et son invitation, s’il est bien une notion qui traverse le monde et les êtres, n’est-ce pas celle de la mesure ! De la mesure qui permet de combler les manques, de survivre aux excès, au gré des mouvements de la vie et de la distribution des phénomènes qui la nourrissent. Sur le registre des équilibres planétaires, combien de mesures mériteraient qu’on les considère pour tout ce qu’elles seraient en mesure de nous apporter en matière de respect, de justice, de solidarité… ? Pendant que notre époque se complaît dans l’avalanche des grands nombres, de leur déferlement, de leur analyse marchande, ne devrions-nous pas en revenir à une mesure à taille humaine ? Et si nous accordions plus de temps, et de mesure, à ce qui peut faire l’objet d’une saisie individuelle ?
Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition de la « mesure » ?
…Au fait, le 20 mai, journée mondiale de l’abeille, est aussi journée mondiale de la métrologie (science de la mesure). Une occasion à saisir doublement ?
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