C’est sous la dynastie des Tang (618-907) que date l’instauration d’un système de recrutement des « mandarins » (guan en chinois). Mandarin est un terme portuguais provenant du mot sanskrit signifiant « conseiller ». Ces mandarins formeront l’épine dorsale de l’administration chinoise pendant des siècles. Calqué sur une hiérarchie prônée par les Codes rituels de l’ère archaïque, ce système administratif est fondé sur le mérite des individus dûment sélectionnés, ce qui permet d’éviter tout accaparement par la noblesse de ces fonctions indispensables à l’organisation de la société la plus nombreuse de la planète. Le système mandarinal comprend deux catégories, celle des « mandarins dans le système » (liunei) qui ont accès aux postes supérieurs de l’administration et celle des « mandarins hors du système » (liuwai) ou fonctionnaires subalternes, dont la présence aux audiences impériales est interdite mais à qui il est possible de rejoindre la première catégorie dès lors qu’ils ont subi avec succès les épreuves d’un concours ; chacun de ces grades mandarinaux est divisé en neuf échelons ; pour les « mandarins dans le système », ces neufs échelons sont eux-même assortis de trente classes.Ainsi la carrière des mandarins de haut rang ressemble à un véritable parcours du combattant. Le sommet de la pyramide demeure réservé « aux mandarins fonctionnaires », qui passent, dans l’ordre protocolaire impérial, devant les « mandarins à titre civil » et les « mandarins à titre militaire ». Soucieux d’établir le pouvoir d’Etat dont ils détiennent le plein contrôle, les empereurs Tang s’efforcent de substituer cette hiérarchie mandarinale à la hiérarchie nobilitaire traditionnelle, laquelle comporte neuf niveaux, allant de baron à prince. Ils contraignent les grandes familles nobles à échanger leurs fiefs contre des revenus et mettent en place un système héréditaire dégressif (un fils ne pourra hérité que d’un échelon nobiliaire ou mandarinal inférieur à celui de son père), non sans faire coiffer, au passage, le Bureau des Titres nobiliaires par le ministère des Fonctionnaires (Libu). Tout le système administratif des Tang repose sur l’écrit, les ordres les plus importants étant signés par l’empereur lui-même. Le pouvoir mandarinal est fondé sur la capacité de ses membres à écrire et à lire les caractères de la langue écrite afin de diffuser les lois et les règlements dans l’ensemble du pays. De nombreux textes, pour être valables, doivent reçevoir plusieurs contreseings. Plus un mandarin bénéficie d’un grade élévé, et plus il lui est nécessaire de connaître d’idéogrammes (jusqu’à dix mille pour les mandarins les plus expérimentés).
Source : chine-imperiale.blogspot.com | 2013