Le mot hybris (ou hubris, en transcription anglaise) est un terme grec ancien (ὕβρις) qui désigne la démesure dans le comportement humain. Il s’agit d’un excès d’orgueil, de violence ou de prétention, par lequel un individu outrepasse les limites fixées par les dieux ou la société. Chez les Grecs, l’univers est structuré par une idée d’ordre (kosmos), et l’hybris vient le troubler : elle est donc perçue comme une faute morale et religieuse. L’hybris ne concerne pas seulement l’orgueil intérieur, mais se manifeste dans des actes concrets : humiliations, excès de pouvoir, refus des limites, mépris des lois divines ou humaines. C’est un concept central dans la tragédie grecque : des figures comme Œdipe, Achille ou Créon incarnent cette démesure, qui mène à la chute. Face à l’hybris, les dieux exercent souvent leur vengeance, appelée némésis : rétablissement de la justice cosmique. L’hybris est aussi un avertissement politique : dans les cités grecques, elle peut désigner les excès des tyrans, ou les abus de démocratie ou d’impérialisme. Dans ce sens, elle devient un principe de réflexion éthique et politique, appelant à la modération (sôphrosunè) et à la conscience des limites humaines. Chez des historiens comme Hérodote ou Thucydide, l’hybris est une clé d’interprétation des conflits : la montée en puissance d’Athènes, son excès de confiance, puis sa chute illustrent ce mécanisme tragique. Aujourd’hui encore, le concept d’hybris reste utilisé pour désigner l’aveuglement des puissants, l’orgueil technologique, économique ou idéologique qui finit par se retourner contre ceux qui l’incarnent.
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