Encyclopédie, un mot venant du grec ancien ἐγκύκλιος, énkúklios de kuklos : le « cercle » et παιδεία, paideía : « instruction », soit l’idée d’une « éducation comprenant l’ensemble de toutes les sciences ». En chinois, le livre complet aux cent sciences百科全书bǎikē quánshū !
Oui, les encyclopédies : le principe de faire le tour des sciences, des arts, des métiers et de les transmettre sous une forme plus ou moins développée, illustrée, critique.
Combien de civilisations ont dans tout leur prestige contribué à cette folle aventure !
Retrouvons aussitôt la Chine et parmi d’autres, l’Encyclopédie de Yongle 永乐大典. 2000 contributeurs, œuvrant aux débuts de la dynastie Ming, entre 1403 et 1408, à la rédaction de plus de… 11000 volumes, dont on dit que la longueur est telle qu’elle ne fut dépassée par Wikipédia qu’en 2007 !
Partons tout aussitôt dans le monde arabo-musulman dont les prouesses encyclopédiques n’ont d’égales que la beauté des titres que les savants leur ont donnés : le « Collier unique » de Ibn Abd Rabbih poète andalou du Xe siècle, « l’Énumération des sciences » par le philosophe persan de ce même siècle, Al-Fârâbî surnommé « le Second instituteur de l’intelligence », ou encore « Les perles cachées » écrit et publié en turc par Ahmed Bican Yazıcıoğlu au XVe siècle… avant que l’imprimerie ne soit interdite dans l’empire ottoman.
Et voici qu’une aventure plus récente se lance au détour du XVIIIe siècle dans une nouvelle fabrique, non moins fascinante : celle de « l’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des arts, des sciences et des métiers », entreprise sous la direction principale de Denis Diderot, et Jean Le Rond d’Alembert.
Nous sommes alors au carrefour des bouleversements les plus conséquents en matière de savoir et de pensée. Copernic, Galilée, Newton et combien d’autres dans les domaines les plus divers, scientifiques certes, mais aussi philosophiques, juridiques, redistribuent les cartes du monde et des connaissances.
Plus de 20 ans, de 1751 à 1772, plus de 150 collaborateurs participeront à son élaboration qui restera comme l’une des magnifiques audaces de l’esprit. N’est-ce pas d’Alembert qui écrivait dans la préface, citant l’abjuration de Galilée en 1633 : « Peu s’en fallut qu’on ne défendit au genre humain de penser ».
Morale de l’histoire : Gageons que l’esprit des Encyclopédistes nous environne et plus encore prenons soin à en prolonger et renouveler l’héritage !
Quant à l’Encyclopédie de Diderot, interdictions, censure, emprisonnement, menaces, révocation de son privilège… n’auront pourtant pas raison de la vitalité ni de l’urgence de souffler un vent de liberté ! De quoi réfléchir à nos temps…
Drôle de monde !
Source : Diffusé avec SUP’DE COM dans le cadre de la série de vidéos « Les Improbables Rencontres » / 2023
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