C’est dans l’atelier de son père, bourrelier de son métier, travaillant le cuir, que le petit Louis alors âgé de trois ans, se blesse à l’œil gauche. Tandis que l’infection gagne l’œil droit, Louis perd la vue.
Quelques années plus tard, encouragé par ses parents décidés à ne pas abdiquer devant cette épreuve, il entre à l’Institution royale des jeunes aveugles… école fondée par Valentin Haüy à la fin du 18e siècle.
Louis va y révéler ses grands talents à la fois manuels et intellectuels.
Louis est curieux, inventif. Il écoute, il observe… Il réfléchit à de possibles progrès. C’est ainsi qu’un jour de 1821, à 12 ans, une présentation faite par un certain Charles Barbier de La Serre va capter toute son attention. Il s’agit d’une sonographie, une écriture des sons. Elle va lui inspirer l’invention d’un autre système fondé quant à lui sur la représentation des lettres et chiffres.
C’est ainsi que paraît en 1829 un ouvrage énonçant un « Procédé pour écrire les paroles, la musique, le plain-chant à l’usage des aveugles … par Louis Braille »…
Le système auquel son nom sera désormais attaché, précisément « système braille », vient de voir le jour.
[système braille nm : système d’écriture tactile à points saillants, à l’usage des personnes non voyantes ou fortement malvoyantes]
J’aimerais ici rendre, une fois de plus, hommage à l’inventivité et à l’aventure humaines. Rendre hommage à ces pionniers qui se sont attaqués à la même et stimulante question de communiquer en situation de handicap. Accéder aux savoirs. Aux arts. S’instruire. Echanger.
Parmi divers autres, signalons le génie de Zain-Din al Amidi, un juriste musulman du 14e siècle qui vécut à Bagdad et mit au point un système de lecture pour les non-voyants à base de… noyaux de fruits !
Il est dit que « ceux qui ont vu la lumière avant les autres, sont souvent condamnés à la poursuivre en dépit des autres ». Malgré quelques résistances, de plus ou moins bonne foi, Louis n’abandonna jamais son projet. Ayant hélas contracté une tuberculose, il meurt à l’âge de 43 ans, laissant la postérité décider de la suite. La suite : c’est l’adaptation du braille à la grande diversité des langues employées de par le monde.
Morale de l’histoire : Ainsi qu’Oscar Wilde nous y invite, ayons des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit…
Le braille permet grâce à sa plage de six points, en creux ou en relief, de différencier 64 caractères. Avec la création du système UNICODE, chargé de l’informatisation des signes d’écriture, une plage de huit points a été adoptée ouvrant ainsi 4 fois plus de possibilités !
Drôle de monde !
Source : Diffusé avec SUP’DE COM dans le cadre de la série de vidéos « Les Improbables Rencontres » / 2023
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