L’Eldorado

Sir Walter Raleigh, poète, courtisan, explorateur anglais, est l’une de ces figures qui crurent fermement en un… Eldorado ! Après une mission infructueuse menée en 1595, et divers déboires qui le conduisirent en prison, il partit de nouveau en quête de fortune en 1617. Hélas, désobéissant aux ordres reçus et s’attaquant aux propriétés espagnoles, il fut de nouveau emprisonné à son retour et finalement décapité à la Tour de Londres en octobre 1618.
Sir Raleigh appartient à la longue série de ces esprits gagnés par l’idée d’une mystérieuse Cité d’or.
La légende veut que tout ait commencé avec Francisco de Orellana, celui qui aurait nommé le fleuve « Amazone » au terme d’une navigation fluviale de plus de 4800 km. Celui-ci était en quête d’or et… de cannelle, particulièrement lucrative en son temps !
Son chroniqueur relèvera qu’ils ont été combattus par des « Indiens dirigés par des femmes nues, blanches et musclées, très féroces », très identiques en somme aux fameuses Amazones de la mythologie grecque !
Mais revenons-en à l’Eldorado, fallait-il le chercher justement du côté de l’Amazone, ou plutôt de l’Orénoque… ? Lequel des pays actuels pouvait-il cacher son existence : le Brésil, le Venezuela, le Suriname, le Guyana ?
Ou bien encore la Colombie ?
Un récit de la communauté chibcha (ou muisca) contribua amplement à l’essor de ce mythe…
Il raconte l’aventure d’un roi dont l’épouse, horrifiée par la cruauté de ses actes, se réfugia au fond d’un lac en compagnie de la divinité qui y résidait. Or ce roi, pris de remords, puis ses successeurs, se dorait le corps chaque année et faisait déverser des quantités de trésors d’or ou d’émeraudes au fond du lac tandis que débutait une fête magistrale. Ce roi, le zipa, régnait sur Bacatá, qui donna son nom à la capitale actuelle de la Colombie, Bogotá, le lac Guatavita se situant à proximité. Cette légende, reprise par les Conquistadores alimenta sérieusement les rumeurs d’un Eldorado, des initiatives successives visant à vider le lac, avec plus ou moins de succès et de dommages humains.

Morale de l’histoire : De la malédiction de Midas, à l’infortune de Crésus ou au mythe de l’Eldorado, où nous a conduit la soif d’or tout au long des millénaires ?!

Les générations d’explorateurs qui vont suivre, que ce soit Charles Marie de La Condamine, descendant à son tour l’Amazone au milieu du 18e siècle, ou plus encore Alexander von Humboldt, ne manqueront pas d’y apporter leur concours plus ou moins documenté…
Et, finalement l’Eldorado gagnera son statut de mythe, enfin pas pour tout le monde…
Drôle de monde !