L’art du conte dit Yimakan est une composante essentielle de la cosmogonie et de la mémoire historique des Hezhen, une minorité ethnique du nord-est de la Chine. Les contes du Yimakan, narrés en vers et en prose dans la langue de cette ethnie, se composent de nombreux épisodes indépendants qui décrivent des alliances tribales et des batailles, y compris la victoire de héros hezhen sur des monstres et des envahisseurs. Ce patrimoine oral est précieux pour la défense de l’identité et de l’intégrité territoriale de l’ethnie, et il préserve aussi les connaissances traditionnelles relatives aux rituels chamaniques, à la pêche et à la chasse. Les conteurs improvisent des histoires sans accompagnement musical, en alternant les passages chantés et parlés et en utilisant des mélodies différentes pour représenter différents personnages et intrigues. Ils se forment en général auprès d’un maître appartenant à leur clan ou à leur famille, bien que de nos jours, ils acceptent de plus en plus de former des étrangers. Parce que les Hezhen n’ont pas de tradition écrite, le Yimakan joue un rôle clé dans la préservation de leur langue maternelle, de leur religion, de leurs croyances, de leur folklore et de leurs coutumes. Cependant, la modernisation de plus en plus rapide de la société et la standardisation de l’éducation font peser une menace sur la langue des Hezhen. Aujourd’hui, seuls les anciens la parlent encore. Cette perte est devenue un obstacle majeur à la promotion et à la pérennité de la tradition du Yimakan. Seuls cinq conteurs expérimentés sont encore capables de narrer les épisodes – une situation aggravée par la mort d’un certain nombre de conteurs âgés et l’exode des plus jeunes vers les villes pour y chercher du travail.
Source : ich.unesco.org