Pour communiquer à distance ou dans le bruit, de nombreuses populations vivant principalement dans des zones montagneuses et dans des forêts denses ont développé une version sifflée de leur langue locale. Les biotopes dont elles font partie favorisent l’éloignement en terme de temps de trajet ou de contact visuel. Le sifflement apporte une réponse adaptée à de telles situations en augmentant les distances limites de communication. Les scientifiques ont appelé ce phénomène « parole », « langage » ou « langue sifflée » (Busnel & Siegfried, 1990) car l’information que les siffleurs échangent dans ces conditions est suffisamment riche, complexe et variée pour nécessiter l’usage du vocabulaire, de la grammaire et de la syntaxe de la langue parlée locale. Le sifflement est utilisé comme source sonore à la place des vibrations des cordes vocales car il est bien adapté à la propagation des sons dans des conditions extrêmes. D’après les locuteurs, la parole sifflée est une des multiples manifestations complémentaires de la langue, au même titre que le chuchotement, la parole criée ou chantée. Elle permet un dialogue entre individus relativement isolés, comme un téléphone portable naturel et local. Elle est utilisée pour rendre service dans le cadre d’activités sociales vitales de la vie traditionnelle.
Par : Julien Meyer
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