En tant que savant, Peirce est surtout un logicien qui a pour problème essentiel de cerner les conditions de vérité des assertions à caractère scientifique et, au-delà, de construire une théorie des conditions de la connaissance. Dans ce sens, la séméiotique qu’il veut promouvoir est assimilée par lui à la logique. Pour lui, en effet, « la logique, dans son sens général (…), n’est qu’un autre nom de la sémiotique [semeiotic] (…), la doctrine quasi-nécessaire ou formelle des signes ». Elle a pour objet « de déterminer ce que doivent être les caractères de tous les signes utilisés par une intelligence ‘scientifique’, c’est-à-dire une intelligence capable d’apprendre par expérience ». La séméiotique, tout comme la logique, est formelle dans la mesure où elle se pose des questions du genre : comment les choses se présentent-elles à nous comme signes ? Ou : comment les choses sont-elles interprétées en tant que signes ? En quelque sorte, la séméiotique s’intéresse aux manières d’être des signes pour une « intelligence scientifique » conçue comme l’instance de l’interprétation qui, en fin de compte, dégage des lois (l’« interprétant final », selon Peirce) à partir de l’accumulation d’expériences particulières.
Auteur : Ahmed Kharbouch