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Pour le prix d’une tulipe

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Et si on se faisait une virée au parc de Keukenhof ?
Proche de Lisse en Hollande, il est l’un des plus merveilleux jardins floraux au monde. Créé au 15e siècle, il doit son nom de « jardin ou cour de cuisine » en néerlandais, au fait qu’il produisait initialement des ingrédients potagers. En 1949, il devint un centre des plus appréciés pour les expositions de fleurs à bulbes. Avec plus de sept millions de bulbes plantés en automne, c’est aujourd’hui l’occasion de fêter leur floraison au printemps suivant, avec le concours des sociétés florales…
A propos de bulbes, rejoignons le 16e siècle auprès d’un ambassadeur d’Autriche à Constantinople qui fut le premier à attirer l’attention sur une fleur exceptionnelle appréciée des Ottomans mais inconnue de l’Europe : la tulipe.
Un mot qui ne masque pas ses origines turques, désignant le « turban », lui-même emprunté au persan. En 1590, le botaniste Charles de L’Écluse de l’Université de Leyde, démontre que la culture de cette fleur exotique s’adapte parfaitement aux conditions météorologiques locales. L’engouement pour cette reine florale ne fait que débuter.
Bien entendu il n’est pas indépendant de l’essor des futurs Pays-Bas qui deviennent à cette époque l’une des puissances les plus florissantes. En témoigne la fulgurante réussite de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales.
Désormais les variétés se multiplient et un marché très lucratif se met en place. Tout d’abord assez réglementé, peu à peu, cet intérêt va prendre des dimensions insensées.
Dans les années 1630, une folie s’empare des esprits nourrie par l’arrivée de nouveaux marchands, notamment français. On est alors prêt, quels que soient son statut ou sa fortune, à engager des sommes colossales pour s’approprier ces chers bulbes.
Un seul bulbe pouvait alors valoir 15 à 20 fois le salaire annuel d’un artisan. Certains mettaient leur maison en gage pour se le procurer, et le revendre, espéraient-ils, à prix d’or ! Une bulle spéculative se mit ainsi en place : la tulipomanie.
Et comme la folie humaine rencontre parfois son terme, celui-ci se produisit en 1637, un krach boursier s’abattant sur ces folles espérances. Le marché de la tulipe revint vite à de plus sages proportions… tout en restant immortalisé dans de nombreuses productions artistiques ou intellectuelles qu’elles soient de natures mortes ou de cabinets de curiosité.

Morale de l’histoire : Ne préjugeons de rien et surtout pas de la valeur des choses qui, de la tulipe aux cryptomonnaies, dépendent de ce que nous leur attribuons…

Un certain Gilles Ménage (1613-1692) dans la nouvelle édition de son Dictionnaire étymologique de la langue françoise relate : « Dans ma jeunesse, j’ai vu vendre tel oignon de tulipe trois cents pistoles : tant la tulipomanie était grande. Mais cette manie est passée, il y a déjà longtemps : et on ne donnerait pas présentement cinq sols de l’oignon de la plus belle tulipe… »
Drôle de monde !

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