phalanstère

Un phalanstère est un type de communauté utopique imaginé par le penseur socialiste français Charles Fourier (1772–1837) au début du XIXe siècle. Le terme vient du grec phalanx (formation militaire) et a été inventé pour désigner un lieu d’organisation collective harmonieuse, fondé sur la libre association des individus selon leurs passions. Fourier rêvait d’un monde débarrassé de la misère, de l’ennui et de la concurrence destructrice du capitalisme. Le phalanstère est à la fois village, usine, ferme, école et lieu de loisirs. Il abrite environ 1 620 personnes, réparties en « séries » et « groupes » selon leurs goûts et capacités, chacun exerçant des activités variées et choisies. Le travail y est valorisé, mais diversifié et court, adapté aux rythmes naturels et aux préférences des individus. Les tâches réputées ingrates sont assurées par des personnes qui y trouvent plaisir (les « petites passions »), selon la logique du « travail attractif ». L’édifice du phalanstère est conçu comme un grand palais communautaire, avec des ailes pour le travail, le logement, les enfants, les réfectoires, les salons de musique ou les ateliers. Il fonctionne en autogestion économique, mais dans un système structuré, où le capital, le travail et le talent sont équitablement rémunérés. Le but n’est pas l’égalité stricte mais l’harmonie, dans une société où les conflits s’apaisent par l’organisation des désirs. Fourier voyait dans le phalanstère un prototype d’un monde futur plus vaste, qu’il appelait l’« Harmonie ». Des essais de phalanstères ont vu le jour en France (comme à Guise, avec Godin) et aux États-Unis (notamment à Brook Farm), mais peu ont duré. Le mot est devenu un symbole des utopies sociales du XIXe siècle, préfigurant les coopératives, les kibboutz, et d’autres formes de vie communautaire expérimentale.