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Mottainai : Quel gaspillage !

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[La bouteille en plastique est vouée par sa naissance même à achever son cycle de vie une fois consommée. Au mieux recyclée, couramment rejetée, souvent condamnée à rejoindre quantité d’autres déshérité.es. Sommes-nous à ce point piégé.es dans ce cycle non vertueux ? Que nous disent les cultures du gaspillage et de ses conséquences ? Que nous dit le terme « mottainai » ?…]

Mottainai 勿体無い, un terme japonais que l’on pourrait traduire par : « quel gaspillage » et qui invite précisément à ne pas y céder. Tout au long de son histoire et de ses pratiques artisanales, sociales, marchandes… le concept de « mottainai » a pu trouver au Japon d’innombrables domaines où s’exprimer en partageant sa mise en garde. Tout en rappelant ses ancrages dans le Japon d’Edo (1603 – 1867), Teni Wada pointe quelques aberrations à éviter : « Jeter une paire de sandales geta en parfait état à cause d’une lanière cassée ? Mottainai ! » « Se débarrasser d’un kimono parce qu’il est devenu trop grand pour votre enfant ? Mottainai ! » « Remiser votre tasse à thé préférée parce qu’elle a quelques fissures ? Mottainai ! » (source : japanobjects.com)

Si bien des pratiques modernes semblent parfois avoir tourné le dos à cette culture de l’économie et de la sauvegarde de ressources limitées, de nombreux rappels subsistent néanmoins qui auraient tôt fait, une fois conscientisés, de rappeler nos comportements à plus de sagesse. Ainsi du furoshiki, emballage de tissu durable permettant de transporter objets de la vie courante ou bento. Ainsi du kintsugi, l’art de réparer les poteries brisées dont le maître rappellera qu’il permet de ne pas masquer les blessures de la vie, mais tout au contraire de les valoriser. Combien de pratiques, tenant aux objets, aux vêtements, aux aliments, aux véhicules… gagneraient en vérité à se refléter dans cette politique essentielle du « mottainai », jusqu’à s’élargir à l’environnement lui-même !

C’est du reste ce qu’a proposé Wangari Muta Maathai, « la femme qui plantait les arbres », Prix Nobel de la paix en 2004. Celle-ci de déclarer : « Même au niveau personnel, nous pouvons tous réduire, réutiliser et recycler, ce que l’on nomme mottainai au Japon, un concept qui nous appelle également à exprimer notre gratitude, à respecter et à éviter le gaspillage… ». Faudrait-il lancer une campagne de « mottainai » à la dimension de la planète ?

Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition du « déchet » ?

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