Otium : un mode de vie contemplatif…

Les Romains avaient un concept appelé otium, qui décrivait un mode de vie contemplatif à la campagne. Son opposé était le negotium, qui faisait référence à la négociation, aux affaires et aux conditions de la vie urbaine. L’otium était à l’origine une manière de décrire le temps de repos du soldat-agriculteur après le service militaire et a fini par signifier le temps que l’on contrôle pour soi-même. Koolhaas/AMO ont été fascinés d’apprendre que ce concept romain de la campagne comme espace d’une existence créative et idéalisée se retrouvait également en Chine à la même époque (approximativement du IIIe au Ier siècle avant notre ère). Le concept chinois parallèle, appelé xiaoyao (xiāoyáo), a été proposé par Zhuang Zhuo (369-286 avant notre ère) au troisième siècle avant notre ère. Zhou, l’un des fondateurs du taoïsme, a utilisé ce terme pour désigner le fait de vivre en harmonie avec la nature ou de s’y promener librement. Les poèmes romains et chinois de cette époque décrivent des rencontres littéraires à la campagne, où les activités sociales telles que la boisson, le repas et la musique vont de pair avec la lecture, l’écriture et la conversation. À l’heure actuelle, les industries du tourisme et du bien-être se sont emparées de notre désir de contemplation de la nature, et le temps libre à la campagne devient de plus en plus marchand. À elle seule, l’industrie du bien-être représente aujourd’hui un chiffre d’affaires de 4,5 milliards de dollars. Koolhaas/AMO affirment que le bien-être est qualitativement différent des ambitions culturelles et créatives de l’otium et du xiaoyao parce qu’il n’est pas axé sur le développement contemplatif et intellectuel de soi. En Italie et en Chine, par exemple, des villages ont été convertis en stations thermales de luxe et en centres de bien-être, et les anciennes valeurs romaines et chinoises d’exploration de soi, de créativité et de contemplation ont été abandonnées.