[La bouteille est issue d’un certain travail, inscrit dans la vaste fabrique humaine, composante de l’équilibre sociétal. Gagnerions-nous à questionner cet équilibre ? À revisiter ses prouesses, ses avancées, ses imperfections, ses erreurs ?… Comment peut-on penser différemment le travail au regard de nouveaux progrès ? L’histoire des robots et de leur perception culturelle peut-elle y contribuer ?…]
C’était il y a cent ans, un 25 janvier 1921. Première à Prague d’une pièce de Karel Čapek (1890-1938) contant l’histoire des « robots universels de Rossum » (en tchèque : Rossumovi univerzální roboti). Histoire d’êtres organiques créés artificiellement et d’une jeune femme, Héléna, qui se bat pour défendre leurs droits. Une histoire qui se produit en une lointaine année 2000, et qui questionne au fil de ses épisodes sur le rapport de l’humanité à ce qu’elle a engendré. Première occurrence dans la littérature du terme « robot », que l’on peut rattacher au tchèque robota, « travail forcé », lui-même s’apparentant au russe. Un terme que l’on dit avoir été suggéré par Josef Čapek, frère de Karel, décédé au camp de concentration de Bergen-Belsen…
Un siècle a donc passé. Nous sommes en 2015, Kōji Fukada réalise Sayonaraさようなら, le premier film à inscrire un robot humanoïde, Geminoid F, dans son casting. Nous sommes en 2017, en Arabie Saoudite, Sophia y devient le premier robot humanoïde à recevoir la citoyenneté d’un pays. Et nous voici encore en 2019 à Kyoto, alors qu’un autre androïde, nommé Mindar, conçu selon le modèle de Kannon la déesse bouddhiste de la miséricorde, est présenté au temple Kodaiji, vieux de 400 ans…
Par-delà la vallée de l’étrange (uncanny valley), où nous conduit l’histoire de la robotisation, vers quelle fin annoncée, écrite et réécrite par tant de fictions et de dystopies ? À moins qu’à force d’en répéter l’issue obligée, une autre histoire ne s’y dessine dont nous n’avons pas encore la lecture ? Quelle pourrait-elle être ? Quels sont les impacts attendus sur les métiers, sur l’emploi, sur les équilibres qui y sont engagés… ? Quelles relations intelligentes pourrions-nous établir avec l’univers des robots en matière de partage du travail ?
Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition du « travail » ?
Pantopique(s) lié(s) :
1900-1925Arabie saouditeJaponrobot