Lorsque le corps des Ponts est créé en 1716, il est principalement chargé de la construction et de l’entretien des routes, ce qui constitue à l’époque une relative nouveauté, dans la mesure où le réseau routier est embryonnaire et en très mauvais état. Ce corps ne compte que 21 ingénieurs (un par généralité du royaume), assistés de sous-ingénieurs au statut encore peu précis (…) Les ingénieurs des Ponts, en connexion forte avec la pensée économique naissante et notamment celle des physiocrates (« le gouvernement par la nature »), voient les routes comme des moyens de mise en circulation des richesses (…) Les ingénieurs cultivent également l’idée d’une société réconciliée avec elle-même, vivant dans un territoire-jardin, comme le montrent les sujets de concours de l’époque, présentant des cartes de territoires imaginaires cultivés comme des jardins et pourvus de grandes infrastructures. L’École des ponts, créée en 1747, illustre ces valeurs de progrès. Le XVIIIe siècle constitue donc une période faste pour les Ponts et Chaussées, au cours de laquelle sont ouverts environ 20 000 kilomètres de routes royales, dans un état d’entretien encore relatif, le financement de l’entretien des infrastructures demeurant un problème jusqu’au milieu du XIXe siècle (…) Au XIXe siècle, le corps des Ponts s’étoffe et compte désormais une centaine d’ingénieurs en chef. En 1794 est intervenue la création de l’École polytechnique, et les ingénieurs misent désormais sur une science à la fois théorique et appliquée. Le grand enjeu, au XIXe siècle, sera la construction d’un réseau moderne de routes, de canaux, de chemins de fer.
Par : Antoine Picon
Source : lajauneetlarouge.com | 2016