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Le progrès à tout prix ?

repère(s) :science

[En son temps, le plastique et les usages qu’il autorisa ont pu être perçus comme de substantiels progrès. Puis le temps a passé, et les avis, sinon unanimes, ont largement changé. Comment jugeons-nous des formes du progrès ? En quoi nous engage-t-il ? Pourrions-nous le placer plus clairement au service de la justice économique et sociale ?…]

Peut-on songer à un « progrès responsable » ? Ou l’idée même relève-t-elle de l’oxymore ? Tout au long de l’histoire humaine, bien des progrès ont été jugés tels par leur capacité à éclairer les ténèbres de l’ignorance. Par leur réponse à des besoins d’amélioration, technique, sociale, sanitaire… Certes, à toute avancée qualifiée de progrès, ont pu s’opposer les partisans de son refus. C’est ainsi que lorsque l’imprimerie vit le jour et qu’elle commença à s’imposer, les copistes manifestèrent leur ferme rejet de l’aventure hasardeuse que celle-ci proposait et qui aurait tôt fait de mettre à mal leur métier si essentiel à la transmission d’un véritable savoir. Pensons-y : comment faire confiance à cette machine infernale qui allait reproduire des écrits à l’identique sans intervention de la main, humaine ou divine ! En France, ils obtinrent un édit du roi François 1er pour reconnaître la menace. N’était-ce pas un autre roi, Roger de Sicile, qui ordonna en 1145 de recopier sur parchemin les actes qui seraient transcrits sur papier, peu confiant dans ce support d’une détestable fragilité ! Les modernes trouveront là écho à des parallèles aisés, pas forcément toujours exacts, avec l’arrivée du numérique et sa mise en danger de la civilisation du… papier, seul garant d’un véritable support de savoir !

Oui, les temps passent et avec eux les progrès suivent leur course. Ils auront partout, dans tous les secteurs, contribué à faire de notre monde un espace d’expérimentation affichant ici la valeur de progrès essentiels et là le risque pris à les considérer tels. L’humanité ne disposant pas d’instance susceptible en dehors des différents champs concernés, d’instruire le dossier du progrès, nous voici condamnés à en vivre les soubresauts et les épisodes parfois heureux, parfois un peu voire beaucoup moins. Face à la situation de nos temps, quels progrès aurions-nous à espérer ? Quels progrès devrions-nous investir de notre recherche et des développements qu’elle requiert ? En quoi l’intelligence humaine pourrait-elle s’engager encore plus pleinement à répondre aux défis de notre temps ? Et pour ce qui concerne plus particulièrement ce propos, à quels progrès pourrait contribuer la reconnaissance de notre pluralité d’opinions, d’indéfinitions, de manières de faire ?

Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition du « progrès » ?

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