[Une bouteille en plastique, cela ne coûte pas grand-chose n’est-ce pas – à supposer au préalable que nous ayons une notion du prix limité à l’acte d’achat… Car de coût global, il est une tout autre question. D’ailleurs, qu’en est-il de notre rapport à l’argent ? Alors que celui-ci avait mission de favoriser l’échange, comment a-t-il fini par s’y substituer ? Serait-il possible que l’argent favorise l’essor d’un système qui ne lui serait pas asservi ? Une illusion ? Ou une obligation…]
« Quand le dernier arbre aura été abattu,
la dernière rivière polluée,
le dernier poisson capturé,
alors l’on se rendra compte que l’argent ne se mange pas. »
Alanis Obomsawin
Grāma গ্রাম, le « village », en bengali (bangla). Un nom nous mettant sur la piste de la Grameen Bank, une institution dont l’idée vit le jour au milieu des années 1970 alors que son instigateur, Muhammad Yunus, venait de mettre en place le micro-crédit. Le point de départ en fut simple : alors que M. Yunus professait en ces temps « d’élégantes théories économiques » (selon lui-même), il fut particulièrement choqué par les conséquences de la famine qui frappa le Bangladesh à partir de 1974. C’est ainsi qu’il décida de lancer un projet de recherche avec ses étudiant.es prenant pour premier espace d’expérimentation le village de Jobra, proche de son Université. Il apparut clairement à la suite des investigations conduites, que la difficulté d’obtention de crédits à taux abordables, alimentant le cercle vicieux de la pauvreté. C’est pourquoi il décida d’octroyer de lui-même des prêts de montants peu élevés principalement à des femmes en situation de précarité. Les conditions dans lesquelles ces prêts furent attribués, et tout spécialement le soutien ainsi apporté aux projets réalistes présentés, leur remboursement facilité par l’absence d’usure et de pression, firent démonstration de leur efficacité. Ainsi naquit le concept de « microcrédit », ক্ষুদ্রঋণ (bangla : Kṣudra’r̥ṇa).
À l’heure où l’engouement de certains pour les cryptomonnaies n’a d’égal que la suspicion des autres, à l’heure où une profusion de monnaies sociales, ou locales, propose de repenser la mission et la vertu de l’argent en tant que moyen non spéculatif d’échange, à l’heure où une accumulation des richesses dans les mains de quelques-uns demanderait une redistribution d’autant plus appuyée, plus que jamais se pose la question du rapport à l’argent.
Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition de « l’argent » ?
…Muhammad Yunus reçut le Prix Nobel de la Paix en 2006.
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