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Le Chevalier à la peau de panthère…

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Il porte le nom prestigieux du « Chevalier à la peau de panthère » , en géorgien ვეფხისტყაოსანი Vepkhist’q’aosani, œuvre de Chota Roustaveli, considéré comme le maître de la littérature géorgienne au détour des 12è et 13e siècles. Composé de plus de 6000 vers, enseigné à l’école, il fait partie de toute bibliothèque personnelle qui se respecte. Mettant en scène deux héros, véritables chevaliers, il accorde la part belle à l’amour courtois tout en étant dédié à la reine Tamar. Magnifique opportunité pour aller à la rencontre de la langue géorgienne dite ქართული ენა kartuli ena. Celle-ci appartient à la branche kartvélienne au sein des langues caucasiennes. Cette tradition littéraire propre au géorgien est si importante qu’elle favorisa au Moyen Âge une activité intense de traduction qui contribua à la préservation des plus riches savoirs qu’ils soient grecs, syriaques, persans, arabes… Par ailleurs, une intense activité s’anima dans les monastères orthodoxes que ce soit sur les terres géorgiennes ou d’autres espaces comme en Grèce ou en Europe de l’Est. Bien entendu l’écriture elle-même, aujourd’hui nommée mkhedruli მხედრული, joua un rôle majeur dans cette histoire.
Tout d’abord, quant à ses origines, un flou demeure que les spécialistes n’ont pas tranché. Certains affirment que l’écriture date de 5 siècles avant notre ère. D’autres en voient la réforme du temps de Pharnavaz au 3e siècle av. J.-C. De mère perse, celui-ci serait d’une famille s’étant opposée à l’avancée d’Alexandre le Grand. Après la découverte d’un trésor, il serait devenu le fondateur de ce royaume d’Ibérie. Au-delà de ces hypothèses et de leur éventuelle confirmation, on trouve une première trace concrète de l’alphabet géorgien dit alors asomtavruli au début du 5e siècle. Celle-ci fut découverte dans une église de Palestine. Lui succéda au 9e siècle le nuskhuri qui le remplaça pour l’écriture des minuscules tandis que l’asomtavruli conservait son rang pour les textes religieux et les capitales. Les deux ensemble formèrent ce qu’on appela le khutsuri. Enfin, dernière étape de cette épopée, parut le mkhedruli qui s’imposa à partir du 11e siècle, à l’époque du « Chevalier à la peau de panthère ». Il est le seul alphabet aujourd’hui en usage et l’écriture géorgienne est entretemps devenue monocamérale.

წაგიკითხავს, სიყვარულსა მოციქულნი რაგვარ წერენ ?
ვით იტყვიან, ვით აქებენ ? ცან, ცნობანი მიაფერენ.
„სიყვარული აღგვამაღლებს“, ვით ეჟვანნი, ამას ჟღერენ,
შენ არ ჯერ ხარ, უსწავლელნი კაცნი ვითმცა შევაჯერენ ! [165-166]

Tu connais les livres, comment les apôtres décrivent l’amour,
Comme ils l’expriment et le louent ! Apprends, accorde ta raison,
L’amour nous prend et nous élève, ils chantent à l’unisson,
Mais si tu ne le crois, toi-même, comment enseigner l’ignorant ! [Tsouladzé 139]
(cité par ac-sciences-lettres-montpellier.fr)

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