La paghjella est une tradition de chants corses interprétés par les hommes. Elle associe trois registres vocaux qui interviennent toujours dans le même ordre : l’a segonda, qui commence, donne le ton et chante la mélodie principale ; l’u bassu, qui suit, l’accompagne et le soutient ; et enfin l’a terza, qui a la voix la plus haute, enrichit le chant. La Paghjella fait un large usage de l’écho et se chante a capella dans diverses langues parmi lesquelles le corse, le sarde, le latin et le grec. Tradition orale à la fois profane et liturgique, elle est chantée en différentes occasions festives, sociales et religieuses : au bar ou sur la place du village, lors des messes ou des processions et lors des foires agricoles. Le principal mode de transmission est oral, principalement par l’observation et l’écoute, l’imitation et l’immersion, d’abord lors des offices liturgiques quotidiens auxquels assistent les jeunes garçons, puis à l’adolescence au sein de la chorale paroissiale locale. Malgré les efforts des praticiens pour réactiver le répertoire, la paghjella a progressivement perdu de sa vitalité du fait du déclin brutal de la transmission intergénérationnelle due à l’émigration des jeunes et de l’appauvrissement du répertoire qui en a résulté. Si aucune mesure n’est prise, la paghjella cessera d’exister sous sa forme actuelle, survivant uniquement comme produit touristique dépourvu des liens avec la communauté qui lui donnent son sens véritable.
Source : ich.unesco.org