La tradition du théâtre dansé Cocolo s’est développée parmi les descendants d’esclaves des Caraïbes britanniques venus en République dominicaine au milieu du dix-neuvième siècle pour travailler dans les plantations de canne à sucre. Cette communauté, linguistiquement et culturellement distincte, a fondé ses propres églises, écoles, sociétés de bienfaisance et services d’entraide. L’une de leurs expressions les plus spécifiques sont les représentations annuelles de théâtre dansé. Le terme « Cocolo », qui désigne les ouvriers immigrés travaillant dans les plantations britanniques, avait à l’origine une connotation péjorative. Il est aujourd’hui utilisé avec fierté.
Diverses troupes de théâtre Cocolo donnaient des représentations à Noël, le jour de la Saint-Pierre et pendant le carnaval. Chacune mélangeait avec inventivité des thèmes issus de mondes divers : musiques et danses d’origine africaine et intrigues dramatiques, légendes et héros empruntés à la littérature médiévale européenne et à la Bible. On pouvait ainsi entendre des chants de Noël et des orchestres d’instruments à cordes grattées, assister au fameux Niega business avec bal masqué ou à des représentations théâtrales telles que « David et Goliath », « Moko-Yombi » ou « Cowboys et indiens ». Il ne reste, à l’heure actuelle, qu’une seule troupe d’acteurs très âgés.
Ce métissage de traditions africaines et britanniques, et leur adaptation au milieu catholique espagnol, est l’expression d’une extraordinaire créativité. Si les membres les plus âgés de la communauté Cocolo parlent encore l’anglais des Caraïbes chez eux, la plupart ont pourtant perdu leur ancienne langue maternelle au bénéfice de l’espagnol. Actuellement dispersée dans différentes régions de la République dominicaine, la communauté Cocolo est largement assimilée. De ce fait, il est devenu difficile aux plus vieux de maintenir leurs institutions et de garder vivante cette tradition de théâtre dansé. Mais ils s’efforcent tant bien que mal de transmettre la tradition aux générations plus jeunes.
Source : ich.unesco.org
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