[La pollution plastique est l’une parmi les catastrophes majeures de notre temps. De quoi rejoindre la multiplication des catastrophes économiques, écologiques ou sociales soulevant des questions tant sur leurs causes que leurs effets. Comment y faire face ? Comment anticiper leurs conséquences ?…]
Cassandre était fille de Priam et d’Hécube. D’une beauté rare, elle ne manqua pas de séduire le cher Apollon qui la gratifia du don de prophétie. Hélas celui-ci ayant été éconduit, il la condamna à ne jamais être crue. La Guerre de Troie aurait pu prendre un autre tournant si on l’avait écoutée. Nombre de nos contemporains empruntent aujourd’hui le registre de la prophétie sur le mode du catastrophisme, et un certain nombre parmi eux sembleraient avancer un effet Cassandre. Il faut dire que les raisons de défendre un tel point de vue ne manquent ni à l’accumulation des faits, ni à leur interprétation. Leur cause semble donc bien entendue, en tout cas bien accueillie par une audience acquise à sa lecture. Une autre voie s’est tracée, celle de la collapsologie, théorie de l’effondrement de la civilisation industrielle, prenant à témoin la mise en déroute de la biodiversité et une certaine conjonction des crises auxquelles nous assistons et dont le rythme s’accroît.
Face à tout ceci, quel questionnement enclencher ? Suivre le décompte scrupuleux des catastrophes opéré par différents instituts et observatoires afin d’objectiver notre jugement ? Nous abandonner à des formes de fatalité, conditionnées par leur ampleur ou leur fréquence, a fortiori lorsqu’elles nous frappent directement ? Relativiser sous prétexte d’un renouvellement continu peu propice à tirer des enseignements catégoriques ? Ou au contraire mieux nous préparer à cet effondrement ? De quoi nous rappeler que le terme de « catastrophe » vient du grec καταστροφή (katastrophḗ) : « bouleversement », « dénouement », et qu’il renvoie à la partie de la tragédie durant laquelle se livre la punition, le jugement… À noter que certains lient ce moment à « l’erreur de jugement et l’ignorance [qui] provoquent la catastrophe. Le héros ne commet pas une faute à cause de sa méchanceté et de sa perversité, mais à la suite de l’une ou l’autre erreur qu’il a commise. » (P. Pavis) De quoi peut-être si nous en suivons l’idée nous demander ce qui constitue aujourd’hui la base de notre ignorance ou de nos erreurs de jugement.
Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition de la « catastrophe » ?
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