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Je vous souhaite le bonheur d’une sidérhartha

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Pour employer un cliché ici pas trop mal adapté, il est des moments où les planètes s’alignent, où les circonstances se révèlent, poursuivons l’image, en syzygie, mais sans qu’aucun calcul ait permis d’en anticiper l’occurrence.
Par exemple, dans ce petit bourg où j’habite, une panne électrique générale coïncide avec un ciel pur de tout nuage et une nuit bien noire de nouvelle lune.
Sortant, le nez en l’air comme souvent, je vis en un instant le choc d’une redécouverte, celle de l’époustouflant, fascinant, incommensurable fleuve d’étoiles traversant la voûte céleste et que nous, humains francophones, appelons Voie Lactée.
Le choc pourrait être nommé, au sens littéral du terme, sidération (à condition d’oublier un peu l’aspect funeste présent dans l’étymologie).
Mais quelque chose manque à ce mot pour mieux dire ce que j’éprouve. Quoi ? Sans doute la dimension spirituelle d’un sentiment oublié puis retrouvé, d’une aspiration cosmique ressentie autrefois et soudain renouvelée, la résurgence d’une expérience existentielle immémoriale génératrice de tant de mythes, et que la pollution lumineuse a depuis longtemps réduite à néant presque partout en France.
Alors je pense à moi, ici dans le jardin, ébahi au bord du fleuve d’étoiles. Et au Siddhartha de Hermann Hesse sur la berge d’un autre fleuve, terrestre et bien liquide celui-là, où enfin il retrouve la paix et s’éveille à nouveau à l’amour du Monde.
Et je décide de me donner un mot neuf pour désigner plus justement la nature de mon émotion : je suis en train de vivre une sidérhartha.
A vous aussi, qui lisez ces lignes, je souhaite le bonheur d’une sidérhartha.

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