[Comment « faire société » ? Comment y renforcer les liens ? Comment y combattre l’exclusion ? D’un système à l’autre, que mettre en place pour assurer la justice sociale ? Que nous raconte le fihavanana malgache ?…]
Un proverbe malgache avance que « les relations sont plus importantes que l’argent » (malg. : Ny Fihavanana no taloha ny vola). De quoi partager l’un des concepts les plus importants de la société malgache : le fihavanana, ou l’idée du lien social, familial, créant les fondements de la solidarité et se traduisant par une diversité de dispositions, de conduites, d’actions destinées à le mettre en œuvre et à le préserver. Idéalement, le fihavanana dicte et régule les mécanismes d’entraide et de réciprocité. Mais bien sûr, comme toutes les représentations idéalisées, le concept rencontre diverses remises en cause. Le monde a suivi sa course et, à Madagascar comme dans toute autre société, des évolutions se sont produites, qui font dire à certains que ce concept absolu et souvent politisé cache mal les formes de l’individualisme et les coups de butoir qu’elles ont pu porter à ce contrat d’alliance et de respect mutuel. Histoire planétaire sans nul doute que celle de nos sociétés tiraillées entre un idéal de solidarité et de concorde, apte à dépasser les nombreux obstacles placés sur sa route, et l’appel à une jouissance individuelle, pas forcément plus heureuse mais censée l’être. Une dualité, un conflit qu’un autre proverbe malgache pourrait peut-être aider à résoudre : « Que votre amitié ne ressemble pas aux pierres brisées dont les fragments ne peuvent plus être réunis, mais aux fils de soie qu’ il est facile de renforcer lorsqu’ ils menacent de se rompre. »
En vérité, loin de songer à des sociétés chimériques bâties sur des évidences de papier et leurs inévitables contradictions, ne s’agirait-il pas aujourd’hui à l’instar de la sagesse malgache de profiter de toutes ces visions fortes des alliances entre destins individuels et communautaires afin de consolider par tous moyens le lien social ? Le lien des solidarités indispensables, des luttes contre les formes diverses d’exclusion, de discrimination, de rejet mutuel… Les cultures sont riches, jusque dans leurs évolutions contradictoires, de bien des leviers pour affronter les périls qui les menacent. Sachons les questionner, et les partager…
Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition de la « société » ?
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