Désigne historiquement le chef suprême ou le dirigeant d’une république italienne, en particulier à Venise et à Gênes pendant la période médiévale et de la Renaissance. Le titre de doge était souvent héréditaire, bien que le processus de sélection des doges puisse varier d’une république à l’autre. Les doges étaient généralement élus par un conseil ou une assemblée de nobles ou de citoyens influents. Leur rôle principal était de diriger le gouvernement, de représenter la république à l’intérieur et à l’extérieur, de commander l’armée et de superviser les affaires administratives, judiciaires et diplomatiques de l’État. Les doges étaient souvent soumis à des restrictions constitutionnelles et à des contre-pouvoirs pour éviter l’accumulation de pouvoir tyrannique. Leur autorité était également souvent limitée par d’autres organes gouvernementaux, tels que le Grand Conseil à Venise. Les doges étaient souvent entourés de symboles de pouvoir et de richesse, et ils étaient souvent vénérés ou craints comme des figures emblématiques de la république. Cependant, le pouvoir des doges a progressivement diminué au fil du temps, et le titre a été aboli dans la plupart des républiques italiennes au cours du 18ème siècle avec l’avènement des régimes monarchiques ou des révolutions. Aujourd’hui, le terme « doge » est parfois utilisé de manière informelle pour désigner des dirigeants ou des chefs d’État, souvent dans un contexte humoristique ou nostalgique, en référence à l’ancienne tradition italienne.
(…) Si les institutions et les « actions» de la politique pouvaient être fort différentes, les mots qui désignaient les unes et les autres n’étaient pas toujours différents. Les mots prirent souvent des sens très variés, dépendant de la réalité politique à laquelle ils s’appliquaient : ils conservèrent une valeur précise seulement quand ils furent utilisés pour des États « dont on n’a jamais vu ni su qu’ils existaient vraiment » (Le Prince, XV), à savoir pour des gouvernements imaginaires qui apparaissaient dans les pages des livres mais pas dans la pratique. Doge, pour ne donner qu’un exemple très banal, renvoyait à Venise à la magistrature suprême de la république élue à vie par le grand conseil; mais le doge était aussi la magistrature suprême de la république de Gênes, élue sans que soit déterminée la durée du mandat, puis, à partir de 1529, pour deux ans et avec des pouvoirs très réduits. Et le gonfalonier de la république de Florence était aussi appelé doge, sans même parler des chefs d’autres cités. Et ce n’est pas fini. Le « duc» de Florencefut aussi appelé Doge. Il s’agit là d’une situation qui rend complexe et souvent incertain le langage politique : la langue de la jurisprudence n’est pas encore capable d’exprimer les nouvelles réalités et aspirations ou encore, si l’on préfère, les idées ne sont pas suffisamment claires pour pouvoir être traduites en mots…
Par : Mario PozziSource : Pour un lexique politique de la Renaissance : la situation linguistique italienne au début du XVIe siècle | Laboratoire italien | 2007 | journals.openedition.org
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