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Communiquer, mettre en commun…

repère(s) :communication

[En pleine « opulence communicationnelle », la recherche du sens n’est pas toujours aisée. Elle semble parfois se noyer sous les flots d’une avalanche ininterrompue de contenus diversement heureux dont l’obsolescence est programmée. En va-t-il de notre meilleur engagement dans l’acte de communiquer… et d’écouter ?…]

Nous sommes chez les Kogis, en Colombie dans la Sierra Nevada de Santa Marta, au « cœur du monde ». Une population connue pour son relatif isolement. Les Kogis conçoivent la vie et l’environnement à la mesure d’un équilibre fondamental qu’il s’agit de ne pas perturber par de vaines actions et paroles. C’est pourquoi ils tiennent à distance la plupart des techniques et activités du monde moderne, soucieux de préserver ces équilibres sacrés. Les Kogis accordent une attention toute particulière aux processus parfois longs par lesquels sont prises les décisions. Décisions dans lesquelles les sages, nommés Mamos, peuvent être impliqués mais qui plus usuellement engagent chacun, chacune, dans le respect que tous se doivent les uns aux autres. Parmi leurs spécificités, existe également le poporo, un moyen de communication et de spiritualité, moyen de transmission des pensées, pouvant revêtir diverses formes. Il peut s’agir par exemple d’une calebasse remplie de chaux, mélangée avec des feuilles de coca mâchées. Le tout possède une forte dimension symbolique et initiatique, associant un rituel de passage à l’âge adulte…

Alors que les Kogis s’efforcent de survivre sur leurs terres évidemment convoitées par bien des appétits, nous vient ici une série de pensées portant sur l’hétérogénéité de la communication. Ainsi que le poporo nous y invite, quels ont été au cours de l’histoire humaine les moyens de transmettre, communiquer, c’est-à-dire littéralement de « mettre en commun » ? Nous voici aujourd’hui dans un monde et une ère que nous qualifions hâtivement de « communicants » – le sont-ils vraiment ? Quelle est la part réelle, profonde, de la « mise en commun » ? Tandis que nous confondons aisément information, de qualité diverse, et communication, sommes-nous convaincus de la pérennité entendons intellectuelle, éthique, humaine, de ces myriades d’informations collectées, souvent à notre insu ? Et s’il fallait établir ou rétablir le sens même de la communication et de tout ce qu’elle nous enseigne depuis ses plus lointaines formes, comment nous y prendrions-nous ? Collectivement, individuellement…

Et si l’on commençait par questionner notre indéfinition de la « communication » ?

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