Capter l’attention des publics : nerf de la compétition

Quand on nous demande d’expliquer en quoi consiste la discipline économique, beaucoup d’entre nous reprennent un peu mécaniquement la fameuse définition de Lionel Robbins, à savoir « l’étude de l’allocation de ressources rares à des fins alternatives ». Or, nous induisons ainsi auprès de nos interlocuteurs, ou plus gravement encore, de nos élèves, l’idée trompeuse selon laquelle la rareté constituerait un fait naturel et absolu et non une construction sociopolitique qui doit nécessairement être située dans un contexte particulier. La ressource informationnelle constitue elle-même un exemple parfait de ce constat, dans la mesure où c’est son excès plutôt que son défaut qui pose aujourd’hui problème à nos contemporains. Elle leur impose un travail de tri que certains intermédiaires se proposent, non sans arrière-pensées, d’effectuer à leur place. Dans un tel contexte, capter l’attention des publics semble ainsi devenu le nerf de la compétition indissociablement économique et sociale qui caractérise la phase actuelle du capitalisme. Cette attention, une fois acquise, pourrait même représenter un capital qui s’entretient, s’accumule et apporte des dividendes. Telle est la perspective ouverte dès les années 1970 par certains auteurs, comme Herbert Simon, et systématisée en 1993 par le sociologue allemand Georg Franck dans un article fondateur…