Catégories
Citation

Les traces de Manas

repère(s) :récit

Manas est à la fois le fondateur mythique et le principal héros de l’épopée nationale de ce peuple turco-mongol d’Asie centrale, une énorme chanson de geste de 500 000 vers (deux fois le Mahābhārata, trente fois l’Iliade). Le drapeau du Kirghizistan (créé en 1992) représente d’ailleurs une sorte de Yourte solaire avec quarante rayons qui sont les 40 tribus qui accompagnaient Manas (une des étymologies du mot « kirghize » est d’ailleurs une racine turque qui veut dire « quarante »). Manas est aussi sur les billets de la monnaie nationale. Manas est le fils du Khan Jakïp (Jacob ?) qui pria Allah dans sa vieillesse pour avoir enfin un enfant. Lorsque sa mère Chïyïrdï était enceinte, elle eut une envie soudaine de viande de Tigre. Les 40 tribus kirghizes chassèrent alors le Tigre et elle s’en nourrit. L’enfant naquit en sortant tout un caillot de sang dans son poing (un peu comme les Chamans et les táltos hongrois qui naissent coiffé du sac amniotique). Manas marchait dès la naissance et était déjà circoncis. Il brillait comme de la braise. Il portait la crinière d’un lion gris, car il était dit qu’il serait un Lion digne de rivaliser avec Salomon, Iskandar, Alī ou Rostam, et il naquit en même temps qu’une jument accouchait d’un destrier noir qui serait sa monture. Il était protégé par le mystérieux prophète, l’Homme-Vert et par 40 gardiens invisibles (…) Manas meurt finalement assassiné par les Chinois de son rival, Konurbai Khan, sans avoir pu vaincre leur Empire et il est enterré en secret à Talas par sa veuve Kanikei. Le cycle raconte ensuite les aventures de sa descendance mais l’Âge héroïque des Kirghizes s’estompe avec lui. Les Kirghizes ont ajouté sa tombe aux Maussolées traditionnels des prophètes musulmans et ils s’y rendaient en sanctuaire. Le nouveau nationalisme post-soviétique n’a fait que renforcer ce mythe patriotique.

Source :

Pantopique(s) lié(s) :
hérosKirghizistan