Pour comprendre Jorge Mario Bergoglio, il faut commencer par retourner sur ses traces à Buenos Aires, là où il commença à réaliser son vœu le plus cher, une Église pauvre pour les pauvres. En 2001, écrit Christiane Rancé, « au moment de la grande crise économique, il avait pris le pays à bras-le-corps, enrôlant la jeunesse, créant les “Nuits de la charité”, aidant les cartoneros qui venaient, le soir, fouiller les poubelles des quartiers encore riches pour récupérer les cartons ». Il y a d’ailleurs, poursuit l’écrivaine, « dans la façon de voir et d’agir du pape beaucoup de ces curés italiens du Piémont du siècle dernier, ce christianisme à la fois pieux et fortement engagé auprès des plus pauvres […] Un petit côté don Camillo […] Une bonhomie pleine de tendresse, pleine de confiance et de fermeté » Sur ce continent sud-américain qui vit naître la théologie de la libération avec « le passage des curés chez les camarades » marxistes, Bergoglio « appartient au seul courant critique, jésuite et argentin, qui a su échapper à cette chausse-trappe idéologique », écrit Jean-François Colosimo. « La “théologie du peuple”, dans laquelle le pape François a été éduqué, est une théologie de l’histoire qui refuse de se figer en théologie politique. […] Ses sources ne sont pas chez Lénine, mais chez Ignace de Loyola, le fondateur de la Compagnie de Jésus, à laquelle, précisément, Lénine emprunta beaucoup de ses règlements pour créer le parti bolchevique »…
Auteur : Valérie Toranian
Source : revuedesdeuxmondes.fr | 2018
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