Les socialistes « utopiques » doivent leur qualificatif à Karl Marx et Friedrich Engels qui l’ont forgé pour mieux démarquer leur socialisme « scientifique » de ces pensées qu’ils considéraient comme originales, optimistes, et parfois fantasques. Bien que Marx et Engels se réfèrent en première intention aux idées de Claude de Saint-Simon, Charles Fourier et Robert Owen (la « triade utopique classique » selon Miguel Abensour), le socialisme utopique désigne aussi, plus largement, les analyses postérieures qui remettent en cause la domination de la pensée marxiste. Le socialisme utopique se construit en réaction aux désillusions que suscite la révolution industrielle en Europe (…) Saint-Simon (1760-1825) ne condamne pas le travail mais son organisation déficiente et les rentiers qui profitent, par droit de naissance, des incohérences du système sans y contribuer (…) Fourier (1772-1837) propose quant à lui de créer des « phalanstères » – des unités de production indépendantes regroupant 1 600 individus – et de réorganiser le travail selon la théorie de l’attraction passionnée (…) Le Russe Piotr Kropotkine (1842-1921) et son traducteur en allemand, Gustave Landauer (1870-1919) s’inscrivent également dans le socialisme utopique auquel ils donnent une tonalité davantage agricole (…) Sensibles au caractère extrêmement pénible du travail des ouvriers, les socialistes utopiques ont aussi eu à cœur d’améliorer les conditions de vie de ces derniers. Le phalanstère de Fourier est un véritable « palais sociétaire », qui offre aux individus un grand confort matériel tant dans les appartements que dans les espaces communs et les ateliers. Chez Owen, le bâtiment comprend similairement des espaces communs de vie et de travail adaptés au style de la vie moderne.
Auteur : Clémence Nasr | Éric Fabri
Source : ehne.fr
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