Reprenons la définition courante de l’alchimie : « l’art de faire de l’or ». L’alchimiste, ce serait donc un « faiseur d’or », quelqu’un qui cherchait à s’enrichir aux moindres frais possibles et, le plus souvent, aux dépens d’autrui… Or ce préjugé est une grave erreur : les tentatives expérimentales des vrais alchimistes pour transmuter les métaux étaient entreprises, non pour s’enrichir mais, avant tout, pour contempler le jeu des vraies lois qui régissent la matière pour l’esprit. D’où les multiples précautions employées par les adeptes pour cacher leurs secrets aux yeux des profanes ; d’où leur dédain pour ceux qu’ils appelaient « souffleurs », c’est-à-dire ceux qui cherchaient empiriquement la Pierre philosophale et, ignorant les théories initiales, essayaient au hasard les procédés les plus hétéroclites, et finissaient parfois leur carrière comme escrocs ou faux-monnayeurs.
Auteur : Serge Hutin
Source : L’alchimie - 2018 - cairn.info