Questions :- Comment diverses formes de « nous » peuvent amener à une autre conscience de la planète ?
- Qu’est–ce que soi ? Comment le définir (l'indéfinir) ?
- Quel usage avons-nous du « moi » – du « toi » – du « nous » – du « ils » – du « elles »… et de ce qu’ils rassemblent sous leur désignation ?
- Quelle idée se fait-on de soi–même ?
- Quelle place l'autre prend-il dans notre vie ? Comment évolue-t-elle au cours de notre existence ?
- Quelle place pour le « moi » dans le monde actuel ?
- Qui est l'autre ? Comment le/la définir (l’indéfinir) ?
Pour mieux comprendre la base de la langue innue (nehluen), il faut se positionner dans le contexte de la pensée circulaire. Un être humain et son environnement sont indissociables dans ce type de pensée. Le pronom « nous » servira d’exemple pour mieux comprendre les nuances possibles. Si je voulais parler du « nous » qui comprend moi et toi ou vous,j’utiliserais ‘TSHINANU’. Le préfixe ‘TSHI’ correspond à toi ou vous. Si je voulais parler de « nous » mais en t’excluant ou vous excluant, je dirais ‘NINAN’ (avec l’accent sur le deuxième N). Tshinanu – la forme inclusive de « nous » – invite au partage, à la vie en communauté, car il n’y a pas de barrières dans le mot tshinanu. C’est un « nous » collectif, une main ouverte tendue aux autres, les invitant à faire partie du cercle (…) Ce mot met en relation la terre, les animaux, les plantes et les êtres dans le même pronom.
Le « nous » exclusif (NINAN) représente la personne qui parle de quelque chose, mais sans l’auditeur ou le groupe d’auditeurs. Prenez, par exemple, un chasseur qui parle du moment où il était seul avec le cerf. Il dira NINAN parce que, bien sûr, les auditeurs n’étaient pas là avec lui à ce moment précis avec le cerf.
Auteur : Marie-Emilie Lacroix (Missinak Kameltoutasset)
Langue(s): nehluen
Zone(s): Canada